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Inflammation

Comment la pollution de l’air contribue aux troubles cognitifs

Par Stanislas Deve

Des chercheurs ont identifié un mécanisme clé permettant de mieux comprendre l'association entre l’exposition à la pollution aux particules fines et le déclin cognitif : l’inflammation systémique.

Olezzo / istock
Si l'impact de la pollution de l'air sur les poumons et le système cardiovasculaire est bien documentée, des études ont aussi établi un lien entre l’exposition aux particules fines et des maladies neurodégénératives comme l'Alzheimer et Parkinson.
D’après une nouvelle recherche, cette influence sur les troubles cognitifs serait notamment dû à l'inflammation systémique provoquée par une augmentation des monocytes, un type de cellules qui jouent un rôle central dans la réponse immunitaire.
"Cette inflammation systémique pourrait être le chaînon manquant reliant les PM2.5 au déclin cognitif." En effet, cette inflammation généralisée pourrait altérer les fonctions immunitaires du cerveau, contribuant ainsi à la détérioration des capacités cognitives.

Issues principalement des gaz d’échappement des véhicules et des activités industrielles, les particules fines (PM2,5, inférieures à 2,5 microns) dans l’air sont capables de pénétrer profondément dans les poumons et même dans la circulation sanguine, causant de nombreux dégâts. Si leur impact sur les poumons et le système cardiovasculaire est bien documenté, ce n’est que récemment que des études ont établi un lien entre l’exposition aux particules fines et des maladies neurodégénératives comme l'Alzheimer et Parkinson.

D’après une nouvelle recherche publiée dans la revue Alzheimer's & Dementia, cette influence sur les troubles cognitifs serait notamment due à l'inflammation systémique provoquée par une augmentation des monocytes, un type de cellules qui jouent un rôle central dans la réponse immunitaire.

Une réponse inflammatoire liée à l’exposition à la pollution de l’air

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs des universités de Rostock, Bonn (Allemagne) et Luxembourg ont examiné les données d’une cohorte néerlandaise incluant plus de 66.000 participants. En analysant les échantillons sanguins et les résultats des tests cognitifs sur une période de dix ans, ils ont observé que l’exposition prolongée à la pollution de l’air aux PM2.5 était associée à un ralentissement du temps de traitement cognitif, un indicateur de la vitesse de réponse du cerveau aux stimuli. Et ce, aussi bien chez les personnes âgées que les jeunes adultes.

Fait intéressant, les chercheurs ont également constaté une augmentation du nombre de globules blancs, en particulier des monocytes, ce qui suggère une réponse inflammatoire liée à l’exposition à la pollution. "Alors que les PM2.5 peuvent directement affecter le cerveau en franchissant la barrière hémato-encéphalique et en déclenchant une inflammation locale, ces résultats mettent en évidence une inflammation systémique plus généralisée lors de l'exposition", selon un communiqué.

Réduire les risques cognitifs associés aux particules fines

"Cette inflammation systémique pourrait être le chaînon manquant reliant les PM2.5 au déclin cognitif", affirment les scientifiques. En effet, cette inflammation généralisée pourrait altérer les fonctions immunitaires du cerveau, contribuant ainsi à la détérioration des capacités cognitives. A noter qu’il s'agit de la première étude à grande échelle à lier directement les changements dans le nombre de globules blancs aux effets des particules fines sur la cognition.

À l’heure où les populations vieillissent et sont de plus en plus urbaines, il devient essentiel de mieux comprendre l’impact de la pollution sur notre santé cérébrale. "Il est crucial d'identifier précisément les polluants et les mécanismes cellulaires impliqués dans ce processus", soulignent les auteurs de l'étude. De telles découvertes pourraient en effet orienter les futures politiques de santé publique, afin de réduire les risques cognitifs liés aux particules fines à long terme.