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Génétique

Chez les femmes, le syndrome de Rett n'est pas seulement moins grave mais différent

Par Geneviève Andrianaly

Une récente étude montre que cette maladie rare affecte différemment les hommes et les femmes.

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En cas de syndrome de Rett, les femmes présentaient globalement plus de gènes dysrégulés que les hommes.
La progression de leurs symptômes est liée à des modifications des réponses génétiques dans les cellules cérébrales (neurones excitateurs, inhibiteurs et astrocytes).
D’après les chercheurs, les cellules exprimant le type sauvage du gène MECP2 situé sur le chromosome X normalisent l'homéostasie transcriptionnelle.

Perte de la fonction manuelle, difficultés respiratoires, crises d'épilepsie… Ce sont les symptômes qui peuvent survenir après un développement normal en cas de syndrome de Rett. Cette pathologie rare est causée par des mutations du gène MECP2 situé sur le chromosome X et est moins fréquente chez les garçons. "Dans le cas de cette maladie altérant le développement du système nerveux central, il est important de savoir que les filles ne présentent pas simplement des symptômes moins graves que les garçons. Leur état est différent", a déclaré Janine LaSalle, professeur de microbiologie et d'immunologie à l'UC Davis Health (États-Unis). Pour parvenir à cette conclusion, elle a mené une étude publiée dans la revue Communications Biology.

Syndrome de Rett : les femmes ont plus de gènes dérégulés au stade pré-symptomatique

Chez les femmes atteintes du syndrome de Rett, toutes les cellules présentent une mutation MECP2 héritée d'un parent sur le chromosome X, mais seule la moitié des cellules expriment le gène mutant. Cela signifie que l'autre moitié des cellules ayant une copie de type sauvage de MECP2 héritée de l'autre parent exprime la protéine MECP2 normale. Dans le cadre des travaux, la chercheuse et son équipe ont ainsi examiné l'expression des gènes dans 14 types de cellules différentes exprimant le type sauvage dans les cortex cérébraux de souris mâles et femelles présentant ou non une mutation de MECP2 à trois moments différents : avant l'apparition des symptômes, lorsque les symptômes ont commencé et à un stade avancé de la maladie.

"Dans tous les types de cellules, nous avons observé des différences entre les sexes dans le nombre de gènes différentiellement exprimés (DEG), avec 6 fois plus de DEG chez les femelles que chez les mâles", peut-on lire dans les résultats. En clair, les femmes présentaient globalement plus de gènes dysrégulés que les hommes, ce qui suggère que les hommes ne présentent pas seulement une version plus sévère de la maladie. Les scientifiques ont également constaté des modifications des réponses génétiques dans les neurones excitateurs avant l'apparition des symptômes, dans les neurones inhibiteurs au moment de l'apparition des symptômes, puis dans les astrocytes à un stade ultérieur.

"Cette idée d'homéostasie en dents de scie est importante à examiner au fil du temps"

"Il y avait une oscillation de va-et-vient où il semble que les gènes essaient d'atteindre l'homéostasie ou l'équilibre dans le cerveau. Cette idée d'homéostasie en dents de scie est importante à examiner au fil du temps, à mesure que les symptômes évoluent", a indiqué Janine LaSalle. Elle a expliqué que les cellules exprimant le type sauvage tentaient de contrecarrer les effets des cellules exprimant le type mutant. Par conséquent, elles deviennent elles-mêmes dérégulées. Les cellules de type sauvage commencent à exprimer des gènes de haut en bas. Ce dérèglement est plus important au début, puis il se stabilise au fur et à mesure de l'évolution du syndrome de Rett. "Ces résultats nous permettent de mieux comprendre la progression et le traitement de la maladie", ont conclu les auteurs.