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Oncologie

Léiomyosarcome : l’ajout de trabectidine à une chimiothérapie standard améliore la survie des patients

Par Geneviève Andrianaly

Une étude française prouve l’efficacité thérapeutique de la combinaison doxorubicine-trabectedine, suivie d’un traitement d’entretien à cette nouvelle molécule, contre l’un des types les plus courants de sarcome des tissus mous.

KatarzynaBialasiewicz/iStock
Les léiomyosarcomes, qui prennent naissance dans les muscles lisses, constituent l’un des sous-groupes histologiques les plus courants des sarcomes des tissus mous.
L'association de doxorubicine et de trabectédine, suivie d'un traitement d'entretien à la trabectédine, est liée à une amélioration de la survie globale, s’élevant à 33 mois contre 24 mois en cas de traitement standard.
La survie sans progression de la maladie passe aussi de 6 mois dans le groupe doxorubicine seule, à 12 mois dans le groupe doxorubicine-trabectedine puis trabectedine en maintenance.

Environ 3.000. C’est le nombre de sarcomes détectés chaque année en France qui sont dit « des tissus mous ». Ces derniers s’attaquent aux cellules présentes dans les muscles, la graisse (tissus adipeux), ou encore les nerfs. Ils regroupent plusieurs sous-types histologiques de tumeurs. L’un des plus courants sont les léiomyosarcomes, qui se développent à partir des muscles lisses retrouvés dans les membres ou la paroi utérine. Quelle que soit leur localisation, lorsque ces sarcomes sont diagnostiqués à un stade avancé ou métastatique, ils présentent un pronostic défavorable. Ainsi, il est essentiel d’identifier de nouvelles voies thérapeutiques, car les options disponibles sont limitées.

Des patients ayant un léiomyosarcome avancé ont reçu six cycles de doxorubicine couplée à de la trabectedine

Actuellement, et depuis des décennies, le traitement standard de la grande majorité des sarcomes des tissus mous repose sur une chimiothérapie à base d’anthracyclines (doxorubicine), administrée en monothérapie. En cas d’échec, une deuxième mono-chimiothérapie par une molécule synthétisée à partir d’une éponge marine, appelée "trabectedine", est administrée. Dans une étude, des chercheurs français, dirigée par la Dr Patricia Pautier, responsable du comité de cancérologie gynécologique de l’Institut Gustave Roussy, ont voulu déterminer si l’association doxorubicine-trabectedine était efficace contre les léiomyosarcomes.

Pour en avoir le cœur net, les scientifiques ont, dans le cadre de l’essai de phase 3, recruté 150 personnes souffrant d’un léiomyosarcome avancé qui n’avaient pas bénéficié de chimiothérapie auparavant. Les participants ont été divisés et répartis en deux groupes. Le premier a reçu six cycles de doxorubicine. Les autres volontaires ont bénéficié de six cycles de doxorubicine combinée à de la trabectedine, suivis par un traitement de maintenance à base de trabectedine pour ceux dont la maladie ne progressait pas. "Une intervention chirurgicale visant à retirer la maladie résiduelle a été autorisée dans chaque groupe après six cycles de traitement. Les analyses de la survie sans progression (critère principal) et de la survie globale (critère secondaire) ont été ajustées en fonction de deux facteurs de stratification : le site d'origine de la tumeur (utérin contre tissus mous) et le stade de la maladie (localement avancé contre métastatique)", peut-on lire dans les travaux.

Léiomyosarcome : une survie globale passant de 24 à 33 mois 

D’après les recherches, publiées dans la revue The New England Journal of Medicine, 107 patients sont décédés, plus précisément 47 adultes dans le groupe doxorubicine-trabectedine et 60 personnes dans le groupe doxorubicine, à l’issue d’une période de suivi de 55 mois. Les auteurs ont constaté que la survie globale des malades ayant bénéficié de la combinaison doxorubicine-trabectedine, suivie d’un traitement d’entretien à cette nouvelle molécule, s’élevait à 33 mois, contre 24 mois chez les participants ayant reçu uniquement le traitement standard. Autre résultat encourageant : la survie sans progression était plus longue dans le groupe doxorubicine-trabectedine (12 mois) que dans le groupe doxorubicine (6 mois).

"L'incidence des effets indésirables et le pourcentage de patients ayant subi des réductions de dose étaient plus élevés avec l'association doxorubicine et trabectédine qu'avec la doxorubicine seule", a indiqué l’équipe estimant que cette étude va permettre de modifier la prise en charge à l’échelle mondiale de l’ensemble des patients atteints d’un léiomyosarcome avancé. "Un nouvel essai de phase III européen mené par le Groupe Sarcome Français va débuter dans les léiomyosarcomes utérins à haut risque de récidive après chirurgie, qui comparera la surveillance seule à 4 cycles de chimiothérapie par doxorubicine-trabectedine", a déclaré la Dr Patricia Pautier.