"Il y a cette notion que ce sens (l’odorat) n'est pas du tout important. Et pourtant, si vous le perdez, beaucoup de mauvaises choses se produisent. Cela semble donc être un paradoxe", a expliqué le professeur Noam Sobel de l'Institut des sciences Weizmann en Israël au journal britannique The Guardian. Partant de ce constat, le scientifique a voulu en savoir plus sur les personnes souffrant d’anosmie, terme désignant la perte d’odorat et mis en lumière lorsqu’il s’est révélé être un symptôme de la Covid-19.
Avec l’aide de ses collègues, il a découvert que ces patients ne respirent pas de la même façon que les individus qui peuvent compter sur leur sens olfactif.
Des différences respiratoires entre les personnes avec ou sans odorat
Dans la revue Nature Communication, l’équipe indique avoir suivi 21 patients atteints d’anosmie congénitale et 31 personnes sans aucun problème d’odorat (normosmie). Elle leur a demandé de vaquer à leurs occupations normales pendant 24 heures tout en portant un appareil qui mesurait le flux d’air nasal. Ils devaient aussi tenir un journal de leurs activités quotidiennes.
Les données recueillies ont révélé que les anosmiques et les volontaires qui "ont du nez" n'avaient pas le même type de respiration. Les personnes avec un sens olfactif fonctionnel avaient plus de pics respiratoires lors des inspirations que celles n’ayant pas d’odorat. Ainsi pour quatre respirations consécutives, le participant anosmique présentait quatre pics respiratoires, la personne capable de sentir les odeurs en avait neuf. “Les pics supplémentaires observés dans la normosmie peuvent refléter un reniflement exploratoire qui peut chevaucher l'onde respiratoire”, écrivent les auteurs dans leur article.
Anosmie : la respiratoire permet de repérer le trouble
Les chercheurs ont ensuite voulu savoir si ces patterns respiratoires différents pouvaient permettre de diagnostiquer l’anosmie. Ils ont ainsi mis au point un algorithme d’apprentissage automatique à partir des données recueillies. Lors des différents essais, ce dernier était capable de prédire si une personne souffrait du trouble olfactif en analysant sa respiration avec une précision globale de 83 %.
De précédents travaux avaient montré que de nombreux troubles de santé, notamment cérébrale et cognitive, sont liés au flux respiratoire. Face à leurs résultats, les scientifiques suggèrent "qu'une partie des résultats délétères associés à l'anosmie peut être attribuée à des modèles altérés du flux d'air nasal respiratoire plutôt qu'à un résultat direct de la perception perdue des odeurs en soi".