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Santé mentale : une crise mondiale qui touche surtout les plus pauvres

Par Alexandra Wargny Drieghe

Dans un rapport présenté ce jeudi 24 octobre à New York, le rapporteur de l’ONU sur les droits de l’Homme et l’extrême pauvreté alerte sur le “cercle vicieux” liant la pauvreté et les troubles mentaux.

BrianAJackson/Istock
Olivier De Schutter, rapporteur de l’ONU sur les droits de l’Homme et l’extrême pauvreté, a expliqué ce 24 octobre 2024 que la pauvreté est à la fois une source et un résultat des troubles de la santé mentale.
Dans son rapport intitulé “L’économie du burn out”, il insiste sur le fait qu’il faille “accorder une plus grande place au bien-être qu’à la quête sans fin de croissance économique”.
Le burn out est un épuisement de l’organisme, à la fois physique et psychique qui est reconnu dans le cadre de la classification internationale des maladies comme problème associé à l’emploi.

Être pauvre élève les risques de développer des troubles mentaux et les troubles mentaux augmentent la probabilité d’être pauvre ; et tout cela est à mettre sur le dos de notre société “obsédée” par la croissance économique. C’est grosso modo ce qu’a expliqué Olivier De Schutter, rapporteur de l’ONU sur les droits de l’Homme et l’extrême pauvreté, ce jeudi 24 octobre lors de l’Assemblée générale de l'organisation internationale à New York. Il y a présenté son rapport intitulé “L’économie du burn out : pauvreté et santé mentale”.

La pauvreté, source et résultat de problèmes mentaux

Les personnes aux revenus les plus faibles sont jusqu’à trois fois plus susceptibles de souffrir de dépression, d’anxiété et d’autres maladies mentales courantes que celles aux revenus les plus élevés”, indique le rapport dans lequel on apprend que plus de 970 millions de personnes dans le monde, soit 11 % de la population, souffrent d’une forme de maladie mentale. Parmi elles, 280 millions ont une dépression et 301 millions souffrent d’anxiété.

La mode est à la promotion de sociétés obsédées par la croissance, qui se caractérisent par un climat de compétition et de course à la performance, entraînant un sentiment d’anxiété liée au statut et poussant à la dépression les travailleurs et travailleuses qui ne parviennent pas à répondre aux attentes irréalistes de ce que signifie vivre une vie productive”, avance Olivier De Schutter.

Pour l’expert, il est possible de sortir de cet engrenage, “à condition d’accorder une plus grande place au bien-être qu’à la quête sans fin de croissance économique”. Difficultés à terminer le mois, charge de travail élevée, stigmatisation, manque de temps pour soi… Le rapporteur précise qu’il faut aller au-delà de l’accompagnement médical et du simple traitement des symptômes pour aider les personnes atteintes de dépression et d’anxiété, en prenant conscience que l’économie crée “une forte pression” sur ces populations. Il ajoute que ces troubles mentaux entraînent de toute façon des pertes considérables, “de l'ordre de mille milliards de dollars par an”.

Pour aider ces personnes en situation de précarité, Olivier De Schutter juge notamment qu’il faudrait mettre en place un “revenu de base inconditionnel” et qu’il y ait une meilleure prise en compte des risques psychosociaux au travail.

Burn out : “un épuisement physique et psychique de l’organisme”

Le burn out est un épuisement de l’organisme, à la fois physique et psychique. Il est reconnu dans le cadre de la classification internationale des maladies comme problème associé à l’emploi”, nous expliquait l’an dernier la psychologue Valérie Dupuy Lafon, dans une interview. “Trois dimensions le caractérisent : le manque d’énergie et/ou l’épuisement, un retrait vis-à-vis du travail avec des sentiments de négativisme ou de cynisme liés au travail, et également, une perte d’efficacité professionnelle avec le réflexe de travailler plus pour compenser mais de façon inefficace, ce qui fait perdre la confiance en soi et en ses compétences professionnelles.

Selon la spécialiste, c’est souvent l’entourage de la personne atteinte qui remarque les premiers signes, jusqu’à, si rien est fait, l’effondrement parfois brutal un matin.

Les symptômes du burn out à prendre au sérieux :

-les signes physiques tels que la fatigue permanente, les maux de dos, les insomnies, les migraines, les maux de ventre, les infections fréquentes, etc ;

-les signes de souffrance psychique : un vide émotionnel, de l’irritabilité, de l’anxiété, des difficultés de concentration, une tendance à s’isoler, un sentiment d’être dépassé par les événements ou de la démotivation.