Le manque de sommeil est bien connu pour ses effets néfastes sur la santé mentale et physique, notamment en augmentant le risque de démence et en affaiblissant le système immunitaire. Mais pourquoi ce besoin vital de sommeil est-il si crucial, en particulier durant les premières années de la vie ? Une nouvelle étude, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, nous livre quelques éléments de réponses.
Le sommeil, clé du développement cérébral
Dès la naissance, le cerveau se construit : les neurones établissent des connexions essentielles pour la mémoire, l’attention et les apprentissages. Or, ce processus nécessite un sommeil de qualité pour que les synapses, ces points de connexion entre neurones, se développent correctement. Si ce développement est perturbé par des réveils fréquents ou un sommeil instable, des effets négatifs durables peuvent survenir dans le comportement et le fonctionnement cérébral.
Or la nouvelle étude, menée par des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord (Etats-Unis), montre comment le manque de sommeil dans la petite enfance pourrait augmenter le risque de troubles comme celui du spectre de l’autisme (TSA). En menant des expériences sur de jeunes souris génétiquement vulnérables au TSA, ils ont découvert que la privation de sommeil entraîne des difficultés sociales sur le long terme. Plus surprenant encore, alors que les souris adultes compensent le manque de sommeil en dormant davantage par la suite, les plus jeunes n’ont pas cette capacité de "rattrapage de sommeil", ce qui rend leur cerveau encore plus sensible.
"Nos résultats montrent que les bébés et les enfants sont plus vulnérables aux effets négatifs de la perturbation du sommeil", résume un communiqué.
Le manque de sommeil perturbe la formation des synapses
Dans le détail, grâce à des analyses moléculaires plus poussées, les chercheurs ont observé que le manque de sommeil perturbe significativement la formation des synapses – un mécanisme clé du développement du cerveau – chez les jeunes souris, mais pas chez les adultes. Cela pourrait expliquer pourquoi les troubles neurodéveloppementaux comme le TSA sont souvent associés aux problèmes de sommeil.
Les chercheurs espèrent maintenant développer de nouveaux traitements ciblant directement les synapses, afin de restaurer la fonction du sommeil plutôt que de modifier le comportement de sommeil lui-même. "Le développement cérébral est un processus unique, on ne peut pas le rattraper", rappellent les scientifiques, soulignant ainsi l’importance d’un sommeil de qualité pour prévenir les troubles à long terme.