Ce dimanche 27 octobre est la journée européenne de la dépression. L’occasion de sensibiliser le public à ce trouble qui touche environ une personne sur cinq au cours de sa vie selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et dont l’origine est encore mal connue de la science.
Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Translational Psychiatry, les chercheurs de l’Institut Pasteur et du CNRS, en collaboration avec des psychiatres du GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences, de l’Inserm et du CEA, viennent de comprendre un nouveau mécanisme de la dépression.
Une nouvelle découverte sur les mécanismes de la dépression
Lors de leurs travaux, les scientifiques ont étudié l’amygdale, une zone du cerveau qui joue un rôle dans la lecture de la valeur émotionnelle des stimuli environnementaux. Autrement dit, l’amygdale intervient dans la perception positive ou négative de ce qui nous entoure.
Les chercheurs ont travaillé sur des souris atteintes de dépression. En effet, comme les humains, les rongeurs peuvent souffrir de ce trouble, mais les symptômes se manifestent différemment. Ils se mettent par exemple dans le noir ou ne font plus leur toilette.
Pour mesurer l’activité des neurones dans l’amygdale des animaux, les scientifiques ont choisi des stimuli olfactifs. Le but était de voir ce qu’il se passait dans leur cerveau au contact de ces odeurs, qu’elles soient positives (urine femelle) ou négatives (odeurs de prédateur).
Dépression : les circuits des neurones dysfonctionnent
Résultats : les scientifiques ont découvert que certains circuits neuronaux spécifiques, situés dans l'amygdale, seraient impactés par l’état dépressif. Ils notent "une réduction de l’activité des neurones impliqués dans la perception agréable des stimuli positifs, et au contraire une suractivation de ceux responsables de la perception des stimuli négatifs", peut-on lire dans le communiqué de l’Inserm.
Autrement dit, chez un patient dépressif, les neurones liés aux stimuli positifs fonctionnent moins bien que chez une personne qui n’en souffre pas. À l’inverse, les neurones des stimuli négatifs sont très actifs.
"Nous avons réussi à inverser, au moins partiellement, le biais émotionnel négatif induit chez la souris, et le comportement dépressif associé, en suractivant les neurones impliqués dans le codage positif des stimuli environnementaux, explique Mariana Alonso, co-auteure principale de cette étude et chef du groupe Circuits émotionnels, au sein du laboratoire Perception et action à l’Institut Pasteur. C’est une piste intéressante à explorer pour la mise au point de nouveaux traitements”.
"Nous explorons maintenant chez l’homme, si la guérison d’un épisode dépressif dépend de la restauration de l’activation de ces réseaux neuronaux", ajoute Chantal Henry, professeure de psychiatrie à l'université de Paris, psychiatre au centre hospitalier de Sainte-Anne et chercheuse au sein de l’unité Perception et action à l’Institut Pasteur.