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Neurologie

Parkinson : des médicaments modifient le microbiote et impactent le risque

Par Diane Cacciarella

La prise de certains antibiotiques protège de la maladie de Parkinson tandis que les antifongiques augmentent légèrement le risque, selon une nouvelle étude qui montre l’importance du microbiote dans cette pathologie.

okskaz/iStock
La prise d’antibiotiques à base de pénicilline réduit le risque de 15 % de souffrir de la maladie de Parkinson.
Les personnes qui ont pris plus de deux traitements d'antifongiques ont 16 % de risque en plus de développer cette maladie.
Les auteurs soulignent que ces effets restent légers et ne doivent pour l’instant pas influencer la décision de prendre ces médicaments.

Les personnes ayant pris plusieurs fois des antibiotiques à base de pénicilline auraient 15 % de risque en moins de développer la maladie de Parkinson, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Parkinsonism & Related Disorders. À l’inverse, ceux qui ont pris plus de deux fois un traitement d'antifongiques ont 16 % de risque en plus de souffrir de cette pathologie.

L’importance des bactéries intestinales

Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont analysé les dossiers médicaux de plus de 93.000 personnes au Royaume-Uni. Parmi elles, 12.557 étaient diagnostiquées comme ayant la maladie de Parkinson et 80.804 personnes similaires qui ne l'avaient pas. 

Il y [a une théorie] selon laquelle la maladie commence dans l’intestin, que l’inflammation de l’intestin peut le rendre plus perméable et permettre aux toxines ou à l’inflammation de remonter vers le cerveau par le nerf vague”, indique Gian Pal, l’un des auteurs, dans un communiqué. Ainsi, les scientifiques ont voulu comprendre ce lien entre les bactéries intestinales et la maladie de Parkinson après la prise de certains médicaments. 

Les effets des antibiotiques et des antifongiques restent légers

"Le fait qu’un médicament, que vous ne prenez que quelques jours, puisse légèrement modifier votre microbiome et votre risque de Parkinson, pour moi, cela renforce l’argument selon lequel le microbiome est impliqué, indique Gian Pal. Cette étude est importante parce qu’elle [montre que] quelque chose se passe dans le microbiome intestinal [et que cela] pourrait influencer la maladie de Parkinson."

L’impact est donc chiffré par les scientifiques : la prise d’antibiotiques à base de pénicilline réduit le risque de 15 % de souffrir de la maladie de Parkinson tandis que les personnes qui ont pris plus de deux fois un traitement d'antifongiques ont 16 % de risque en plus de la développer. Mais Gian Pal rassure : "Ces effets sont très légers, ils ne devraient donc pas influencer les décisions concernant le moment d'utiliser des antibiotiques ou des antifongiques".

Des recherches supplémentaires doivent être menées pour mieux comprendre le rôle du microbiote intestinal dans le développement de la pathologie neurodégénérative et corriger les limites de cette étude : l'équipe n’a par exemple pas pris en compte le régime alimentaire des patients, qui a évidemment un impact sur le microbiote. 

En France, chaque année, environ 25.000 personnes sont touchées par la maladie de Parkinson en France, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Celle-ci se caractérise par trois principaux symptômes moteurs : l’akinésie (lenteur dans la mise en œuvre et la coordination de ses mouvements), l’hypertonie (rigidité anormale des muscles) et les tremblements, qui concernent surtout les mains et les bras.