C’est une première : une nouvelle forme de rejet de greffe rénale a été découverte et elle est liée à l’inflammation microvasculaire. Les chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) et de l’université Paris Cité à l’origine de cette découverte ont publié leurs travaux dans la revue New England Journal of Medicine (NEJM).
Greffe de rein : le rejet peut être lié à l'inflammation microvasculaire
Après une greffe de rein, un rejet aigu peut se produire dans les trois à quatre mois suivants l’intervention chirurgicale, selon le Manuel MSD. Il existe aussi le rejet chronique, qui peut avoir lieu plusieurs mois ou années après. Quand il se produit, le patient doit prendre des médicaments pour traiter le rejet à court et moyen terme, mais, à long terme, il faut trouver un autre greffon.
Lors d’un rejet, l’organisme du patient attaque l’organe transplanté, car le système immunitaire perçoit le greffon comme un corps étranger. L’inflammation microvasculaire (relative aux petits vaisseaux, NDLR) joue un rôle essentiel dans divers cas de rejet du greffon. Mais, ce phénomène reste encore mal connu des médecins.
Pour mieux le comprendre, les scientifiques ont travaillé sur 16.000 biopsies provenant d’un peu moins de 7.000 patients ayant bénéficié d’une greffe rénale dans 30 centres de sept pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Ce qui permet de comparer différentes pratiques cliniques.
“Notre étude fournit des preuves essentielles montrant que l’inflammation microvasculaire est un indicateur clé d’une évolution défavorable des greffons rénaux à long terme”, indique la Dr Marta Sablik, co-première auteure de l’étude, dans un communiqué.
Rejet de greffe : vers une meilleure prise en charge des risques
“Les chercheurs ont découvert que les patients transplantés rénaux présentant une inflammation microvasculaire avaient un risque accru de progression de la maladie et de perte du greffon rénal à long terme”, précise le communiqué. Ce qui leur a permis de caractériser une nouvelle forme de rejet de la greffe du rein liée à l'inflammation microvasculaire.
“Ces résultats soulignent l’importance d’une meilleure compréhension de l’inflammation microvasculaire rénale afin d’améliorer la précision diagnostique et les approches thérapeutiques”, souligne le Dr Aurélie Sannier, autre co-première auteure de l’étude.
À terme, cette étude pourrait permettre de mieux anticiper les risques de rejet et de mieux prendre en charge les patients. Avant cela, de nouveaux essais cliniques doivent encore être menés pour mieux comprendre la façon dont l’inflammation microvasculaire agit sur le greffon.
“Cette recherche représente une avancée majeure en médecine de la transplantation rénale, pour une prise en charge optimisée des patients, explique Alexandre Loupy, qui a coordonné l’étude. Par ailleurs, ces résultats ouvrent des voies significatives pour mieux élucider les mécanismes du rejet d’organes avec des retombées dans d’autres domaines tels que la greffe cardiaque, hépatique, pulmonaire, de tissu composite ainsi qu’en xénotransplantation où notre équipe a récemment démontré des mécanismes similaires de rejet impliquant la microcirculation”.