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Problèmes d’attention chez l’enfant : un risque accru de psychose à l’adolescence ?

Par Stanislas Deve

La variabilité de l'attention durant l’enfance, combinée à certains profils génétiques, peut influencer le risque de symptômes psychotiques en grandissant, selon une étude.

shironosov / istock
Une étude révèle que les problèmes d’attention dans l’enfance, combinés à une prédisposition génétique, augmentent le risque de symptômes psychotiques à l’adolescence.
En analysant les données de 10.000 jeunes, les chercheurs ont montré que les fluctuations de l’attention jouent un rôle de "médiateur" entre les gènes et les expériences psychotiques.
Bien que ces symptômes psychotiques ne conduisent pas toujours à des troubles graves comme la schizophrénie, ils accroissent le risque de maladies mentales futures. D'où l'intérêt de les diagnostiquer le plus tôt possible.

Les difficultés d’attention dans l’enfance pourraient-elles prédire des troubles psychotiques à l’adolescence ? C’est l’hypothèse d’une nouvelle recherche publiée dans la revue Nature Mental Health : les risques de développer des expériences proches de la psychose chez les jeunes pourraient notamment être influencés par leurs problèmes d’attention précoces.

L’attention, un médiateur entre les gènes et les symptômes psychotiques 

Les chercheurs de l’UCLA Health, aux Etats-Unis, ont analysé les données de près de 10.000 enfants, à partir de l’âge de neuf ans et sur une période de six ans, dans le cadre de l’étude longitudinale ABCD (Adolescent Brain and Cognitive Development). L’objectif de l’équipe était de déterminer comment la variabilité de l'attention durant l’enfance, mais aussi certains profils génétiques, pouvaient influencer le risque de symptômes psychotiques plus tard à l’adolescence, tels que des perceptions inhabituelles ou des croyances irrationnelles.

Il est apparu d’abord que les enfants présentant un risque génétique accru pour des troubles neuropsychiatriques, comme la schizophrénie, sont plus susceptibles d’éprouver des symptômes psychotiques et des problèmes d’attention. Les scientifiques ont pu évaluer cette prédisposition en utilisant les scores polygéniques — des scores qui additionnent les effets de plusieurs variantes génétiques pour estimer le risque d’une personne de développer un trouble psychiatrique.

Plus surprenant, les chercheurs ont découvert que l’attention fluctuante a joué un rôle de "médiateur" dans la relation entre les gènes et les symptômes psychotiques. "Les problèmes d’attention ont expliqué entre 4 % et 16 % de cette corrélation, précisent-ils dans un communiqué. Si l’attention expliquait entièrement cette relation entre la prédisposition génétique et les expériences psychotiques, ce pourcentage serait de 100 %." Il n’empêche : ce chiffre indique que la variabilité de l’attention agit comme un vecteur partiel mais important dans l’apparition de symptômes psychotiques chez les jeunes.

Identifier les facteurs prédictifs des troubles psychiatriques

Or, bien que la majorité des adolescents avec des symptômes psychotiques ne développeront pas de troubles comme la schizophrénie, ces manifestations augmentent le risque de maladies mentales futures. "Nous ignorons encore qui sont les individus les plus résilients face à ces risques", soulignent les scientifiques. En continuant d’étudier ce groupe d’adolescents, ils espèrent identifier les facteurs les plus prédictifs du diagnostic de la schizophrénie ou d’autres troubles psychiatriques, ce qui pourrait permettre des interventions précoces.