- Lors de tests effectués en laboratoire, l’organisation non gouvernementale Bloom a découvert que 100% des boîtes de thon étudiées étaient contaminées par du méthylmercure, le dérivé du mercure présent dans l’alimentation.
- À haute dose, le méthylmercure est toxique pour le système nerveux central de l’être humain, surtout durant son développement in utero et au cours de la petite enfance.
- La consommation de poisson représente la principale source d'exposition alimentaire au méthylmercure.
Les organisations non gouvernementales (ONG) Bloom et Foodwatch ont alerté sur les risques liés à la contamination généralisée au mercure des boîtes de thon en Europe. "Face à la gravité de la situation, les deux organisations demandent à la grande distribution, dans une pétition commune, ainsi qu’aux pouvoirs publics de prendre des mesures d’urgence", peut-on lire dans un communiqué publié ce mardi 29 octobre.
100% des boîtes de thon analysées contaminées par le mercure
Pour parvenir à cette conclusion, l’ONG Bloom a réalisé des tests en laboratoire sur 148 boîtes de thon achetées en France, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne et en Italie. D’après les résultats, près de 100% des produits étaient contaminés par du mercure. "Ces 148 boîtes testées mettent le doute sur l'ensemble du marché du thon", a souligné Camille Dorioz, responsable de campagne chez Foodwatch, à France Info.
Le mercure fait partie des substances classées comme les plus préoccupantes par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Son dérivé dans l’alimentation est le méthylmercure. Ingéré à haute dose, ce produit est toxique pour le système nerveux central de l’être humain, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance.
À l’heure actuelle, la consommation de poisson est la principale source d’exposition d'alimentation au méthylmercure. "Le niveau de contamination des poissons varie selon les espèces. Il a tendance à être plus élevé chez les poissons prédateurs et grands prédateurs, [ndlr comme les thons] qui se situent en haut de la chaîne alimentaire", a expliqué l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Lors de son interview à France Info, Camille Dorioz a notamment préconisé "d'éviter globalement le thon et les poissons les plus contaminés" chez les populations fragiles comme les femmes enceintes et les jeunes enfants.
Exposition au méthylmercure : les ONG demandent la mise en place de mesures d’urgence
À la suite de leurs conclusions, les deux ONG demandent aux pouvoirs publics de mettre en œuvre des mesures d’urgence pour limiter les risques associés à la consommation de poissons contaminés par le méthylmercure.
Chez certaines espèces de poisson, la teneur en mercure ne doit pas dépasser 0,3mg/kg. Cette recommandation est plus élevée pour le thon où elle ne doit pas dépasser 1mg/kg de thon. Pour les deux ONG, "la Commission européenne doit prendre une mesure conservatrice pour le thon (frais et en conserve) en s’alignant sur la teneur maximale la plus stricte qu’elle a fixée pour d’autres espèces : 0,3 mg/kg. Le thon est le poisson le plus consommé d’Europe : il devrait être d’autant plus strictement régulé."
Dans leur communiqué, Foodwatch et Bloom ont également appelé les gouvernements et collectivités à arrêter les produits comprenant du thon dans les cantines scolaires, les crèches, les maisons de retraite, les maternités ainsi que les hôpitaux.