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Changements climatiques et santé

Climat et maladies infectieuses : un enjeu sanitaire sans frontières

Par Thierry Borsa

La milliardième dose de vaccin contre le pneumocoque vient d’être livrée à l’Ethiopie. Une actualité qui renvoie aux défis sanitaires liés aux changements climatiques et à la nécessaire mobilisation, partout dans le monde, contre la propagation des maladies infectieuses.

iStock/Oleg Elkov
Les changements climatiques augmentent le risque de propagation de nouveaux agents pathogènes.
Campagnes de vaccination et actions de préventions sont pilotées dans des pays émergents.
La prévention de ces nouveaux risque sanitaires nécessite une mobilisation de tous les pays.

Les virus ne connaissent pas de frontières. La crise du Covid en a été une spectaculaire illustration avec une sorte de sidération mondiale face à la propagation d’un agent pathogène jusque-là inconnu. Mais les frontières ne protègent pas davantage contre une des causes de l’aggravation des risques sanitaires, le changement climatique, aujourd’hui visible par tous alors que la France et plusieurs pays d’Europe viennent de connaître des événements météorologiques extrêmes.

Conséquence de ces dérèglements que subit notre planète, une augmentation de 60% du risque lié aux maladies infectieuses. L’impact de cette nouvelle donne planétaire sur la flore, la faune, l’empreinte croissante de l’homme dans de nombreuses régions du monde, les déplacements de population, font croître le risque de transmissions de maladies émergentes.

Alerte mondiale sur le Mpox

Dernier exemple en date, le Mpox, responsable de près de 150 décès dans plus de 110 pays. Mais l’OMS a eu beau déclencher à propos de la propagation de ce virus responsable de la variole du singe son plus haut niveau d’alerte mondiale et les autorités sanitaires françaises insister sur l’utilité d’un rappel de la vaccination antivariolique, manifestement, dans notre pays, le Mpox ne passionne pas les foules !

Evidemment, la réémergence de ce virus concerne principalement certaines régions de la planète qui nous semblent lointaines. A moins que cette indifférence face à la propagation du virus Mpox soit le signe d’un mal plus profond, une tendance au repli sur soi, une volonté de chercher à se couper d’un monde décidément trop anxiogène.

Les pays émergents les plus touchés

Grave erreur, appremment : "Il est inquiétant de voir qu’en France, rien ne bouge sur ce sujet alors qu’il faut agir vite et partout", déplore le Pr Bruno Housset, pneumologue. Pourtant, de nombreuses actions sont déjà lancées dans beaucoup de pays émergents, souvent les premiers et les plus touchés par cette dégradation de la situation sanitaire.

Notamment celles pilotées par l’Alliance du Vaccin (GAVI) qui vient d’annoncer la livraison à l’Ethiopie de la milliardième dose de vaccin contre le pneumocoque par le laboratoire Pfizer alors que la pneumonie reste la première cause infectieuse de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Partenariat public-privé, GAVI rassemble des gouvernements, des organisations sanitaires internationales et des fabricants de vaccins pour favoriser un accès équitable et durable à ces produits contre des maladies qui peuvent être mortelles.

Une révolution sanitaire

Mais vacciner et traiter peut-il suffire? "Il faut renforcer la surveillance des maladies sensibles au climat comme le paludisme, le choléra, la dengue ou encore le chikungunya, ce n’est pas une question d’altruisme ou de bienveillance, mais bien une prise de conscience que nous partageons la même planète !", viennent de souligner les représentants de l’Alliance du Vaccin devant la 79ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre dernier.

A l’occasion de la Journée Mondiale du Climat le 8 novembre prochain, une question grave peut être posée : comment préserver la santé humaine face à ce défi immense que nous imposent les bouleversements climatiques? Prévention, recherche de nouveaux vaccins et traitements, autant de sujets sur lesquels doivent se mobiliser les professions de santé et les pouvoirs publics. C’est une véritable révolution sanitaire qu’ils vont devoir gérer face à un des plus grands enjeux de santé publique auquel est d’ores et déjà confrontée l’humanité.