Nourrir un bébé né par césarienne avec du lait contenant un tout petit peu d’excréments de sa mère permet d'introduire des microbes bénéfiques dans son intestin. C’est ce qu’a récemment suggéré des chercheurs de l'Institut finlandais pour la santé et le bien-être à Helsinki (Finlande). Afin de parvenir à cette conclusion, ils ont mené une étude au cours de laquelle des femmes devant subir une césarienne à l'hôpital ont été recrutées, car selon de précédentes recherches, les bébés nés de cette manière présentent un risque plus élevé d'asthme, d'inflammation du système digestif et d'autres maladies associées à un dysfonctionnement du système immunitaire. Les scientifiques pensent que ces différences sont dues au fait que les bébés nés par césarienne ne sont pas exposés aux microbes présents dans le vagin et les intestins de leur mère et qu'ils ne sont pas rapidement envahis par ces derniers.
Une meilleure diversité microbienne chez les bébés nés par césarienne après avoir bu le "milkshake aux excréments"
Sur les 90 futures mères initialement incluses, 54 ont été exclues en raison de la présence d'agents pathogènes ou d'un autre échec du dépistage. Dans le cadre des travaux, les scientifiques ont mélangé au lait un liquide contenant 3,5 milligrammes d’excréments de la mère et ont donné ce mélange au bébé correspondant. Ils ont procédé ainsi pour 15 bébés lors de leur première tétée. Seize autres bébés ont reçu un placebo. D’après les résultats, présentés lors de l'IDWeek, un congrès de spécialistes des maladies infectieuses et d'épidémiologistes à Los Angeles (Californie), les deux groupes d’enfants nés par césarienne avaient une diversité microbienne similaire à la naissance. Cependant, à partir du deuxième jour de vie, il y avait une différence marquée entre les deux groupes. Chez les bébés ayant reçu une transplantation fécale maternelle, l’ensemble des micro-organismes intestinaux se développait de la même manière que ceux des nourrissons nés par accouchement vaginal. Cela a persisté jusqu'à l'âge de 6 mois, à peu près au moment où les enfants commencent à manger des aliments solides.
S’assurer que les matières fécales maternelles "ne contiennent pas d'agents pathogènes"
Selon l’équipe, personne ne devrait essayer cette approche à la maison. Dans le cadre des recherches, les participantes ont fait l'objet d'un examen approfondi. "Il faut être certain que les matières fécales que l'on donne au nouveau-né ne contiennent pas d'agents pathogènes susceptibles de provoquer une maladie. (…) Même si cela semble simple, il faut bien contrôler la situation", a expliqué Otto Helve, qui a dirigé l’étude, avant de prévenir qu’il était peu probable que cette approche convienne à tous les bébés nés par césarienne.
Lors des prochaines étapes, les auteurs voudraient identifier les microbes intestinaux maternels spécifiques qui sont les plus susceptibles de se transmettre et d’envahir les intestins de leurs bébés.