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Troubles obsessionnels compulsifs

La psilocybine, un nouvel espoir pour traiter les TOC ?

Par Stanislas Deve

Des chercheurs ont mis en évidence le potentiel de la psilocybine, de plus en plus expérimentée en tant que thérapie alternative, pour traiter les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et le syndrome de Gilles de la Tourette.

Cannabis-Pic / istock
Une étude révèle que la psilocybine, le composé actif des champignons magiques, pourrait réduire les symptômes du TOC et du syndrome de Gilles de la Tourette.
Testée sur des souris présentant des comportements compulsifs et des tics, une dose unique de psilocybine a réduit ces symptômes et l’anxiété, et ce pendant jusqu'à sept semaines.
Ces résultats soulignent le potentiel de la psilocybine pour traiter les patients souffrant de troubles psychiatriques qui ne répondent pas aux traitements actuels.

Ils aideraient à lutter contre les addictions, la dépression, le diabète et même la perte d’appétit sexuel : les vertus thérapeutiques des psychédéliques, comme la psilocybine, le composé actif des champignons magiques, sont de plus en plus documentées par la science. Une nouvelle étude menée par le Hadassah-Hebrew University Medical Center, à Jérusalem, montre aujourd’hui des résultats prometteurs concernant leur utilisation pour traiter certains troubles psychiatriques complexes, comme les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et le syndrome de Gilles de la Tourette.

La psilocybine réduit les symptômes compulsifs chez les souris

Dans le cadre de leurs travaux, publiés dans la revue Molecular Psychiatry, les chercheurs ont observé 50 souris génétiquement modifiées pour avoir des comportements compulsifs de toilettage excessif, similaires aux compulsions des patients atteints de TOC. Elles affichaient également des mouvements saccadés rappelant les tics caractéristiques du syndrome de Gilles de la Tourette. Les rongeurs ont été répartis de manière aléatoire en trois groupes : l’un recevait une dose unique de psilocybine, un autre une dose d'extrait de champignon psychédélique, et le dernier un placebo.

Après trois semaines, les résultats ont montré que la psilocybine avait permis de réduire de 14,60 % les comportements de toilettage excessif, et que l’extrait de champignon avait réduit ces comportements de 19,20 %. En revanche, le groupe sous placebo a vu une augmentation marquée de ces symptômes. Outre la réduction du nombre de compulsions, les traitements à base de psilocybine et d’extrait de champignon magique ont également réduit d’autres symptômes comme les mouvements de tics et l’anxiété – des effets bénéfiques qui ont duré jusqu'à sept semaines chez certaines souris.

40 % des patients atteints de TOC ne répondent pas aux traitements actuels

Le Professeur Bernard Lerer, qui a dirigé l’étude, souligne l’importance de ces découvertes, en rappelant que plus de 40 % des patients souffrant de TOC ne répondent pas aux traitements actuels. Les effets observés sur les tics des souris laissent également entrevoir un potentiel pour traiter le syndrome de Gilles de la Tourette, jusqu'alors peu exploré avec la psilocybine. "Nos résultats ouvrent la voie à de nouvelles possibilités thérapeutiques pour ces patients", affirme le spécialiste dans un communiqué, tout en insistant sur la nécessité de poursuivre les recherches et de mener des essais cliniques sur l'Homme.

D’après l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), une étude en double aveugle a notamment démarré aux Etats-Unis, à l’université de Yale, pour évaluer l’effet de la psilocybine et décrire ses mécanismes d’action chez une trentaine de volontaires atteints de TOC. L’institut rappelle également que la présence d’un professionnel de santé pour s’assurer du bien-être physique et psychologique du patient, pendant et après le traitement, est "incontournable". "Même si les effets de ces substances s’avèrent un jour clairement bénéfiques, avec de nombreuses autres études qui confirmeraient les premiers résultats prometteurs, l’idée n’est résolument pas de généraliser la prise de psychédéliques comme celle d’une aspirine."