La psychopathie est un trouble grave de la personnalité marqué par un large éventail de déficits émotionnels, notamment un manque d'empathie. Récemment, des chercheurs de l’université de Constance (Allemagne) ont révélé que cela pourrait être dû au fait que les patients souffrent d'alexithymie, également connue sous le nom de cécité émotionnelle. Il s’agit de l'incapacité d'une personne à identifier, comprendre correctement et exprimer ses propres émotions. Les personnes atteintes d'alexithymie ont tendance à percevoir leurs sentiments comme des sensations purement physiques. Par exemple, une tension émotionnelle est enregistrée comme une simple gêne ou douleur physique.
Audace, méchanceté, désinhibition : des niveaux élevés chez les patients hospitalisés dans une clinique psychiatrique
Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe a mené une étude au cours de laquelle elle a examiné les associations concomitantes entre les déficiences émotionnelles et la psychopathie, en mettant particulièrement l'accent sur le rôle médiateur de l'alexithymie. Dans le cadre des travaux, parus dans la revue Plos One, 315 personnes choisies au hasard dans la population générale et 50 patients hospitalisés dans une clinique psychiatrique ont été recrutés. Le deuxième groupe était composé d’adultes provenant de quatre services différents de la clinique, tous avaient en commun d'avoir été admis à la clinique après avoir commis des crimes dans des conditions, telles que la responsabilité pénale diminuée ou la toxicomanie. Tous les participants ont dû répondre à un questionnaire pour évaluer les traits psychopathiques, l'empathie, l'alexithymie et les stratégies de régulation des émotions.
Selon les résultats, les patients hospitalisés dans une clinique psychiatrique présentaient des niveaux d'audace, de méchanceté et de désinhibition significativement plus élevés que ceux du premier groupe. Ces caractéristiques sont considérées comme des traits psychopathiques typiques. De précédentes recherches ont montré que la proportion de personnes présentant des symptômes psychopathiques était plus élevée dans les groupes de délinquants provenant de cliniques psychiatriques que dans la population générale dans laquelle "l'audace peut fonctionner comme un trait adaptatif, avec des niveaux inférieurs d'alexithymie contrebalançant les déficits d'empathie et de dysrégulation des émotions."
Alexithymie : plus de difficultés à reconnaître et à décrire les émotions chez les psychopathes
Les auteurs ont aussi constaté que les volontaires présentant de forts traits psychopathiques avaient tendance à avoir plus de difficultés à reconnaître et à décrire leurs propres émotions, ce qui contribue à un manque d'empathie et à une mauvaise régulation des émotions. "Cela souligne que des mesures thérapeutiques visant à améliorer la conscience émotionnelle pourraient être utiles aux personnes ayant une personnalité psychopathique et réduire le risque de récidive chez les délinquants", ont-ils conclu.