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Neurologie

Parler en public, vide, araignées : ces phobies activent différentes parties du cerveau

Par Geneviève Andrianaly

Les représentations neuronales de l'expérience de la peur dépendent de la situation à laquelle on fait face.

Vyacheslav Dumchev/iStock
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Pendant longtemps, les recherches les plus répandues ont supposé que les réponses à la peur des araignées, des hauteurs et du vide ainsi que de parler en public se manifestaient de manière similaire dans le cerveau.
Cependant, une nouvelle étude montre que l'écrasante majorité des régions cérébrales qui prédisent la peur ne le font que pour certaines situations.
D’après les auteurs, ces résultats suggèrent que les thérapies comportementales et même pharmacologiques doivent également être adaptées à la personne et à la situation.

"Il existe une histoire dans la littérature selon laquelle les régions du cerveau qui prédisent la peur sont des éléments, tels que l'amygdale, ou la zone du cortex frontal orbital, ou le tronc cérébral. On pense qu’ils font partie d'un soi-disant 'circuit de la peur' qui est un modèle très dominant en neurosciences depuis des décennies", a déclaré Ajay Satpute, professeur de psychologie à l'université Northeastern (États-Unis). Cependant, la mesure dans laquelle les prédicteurs neuronaux de la peur dépendent du contexte situationnel ou se généralisent à celui-ci n'est pas claire. C’est pourquoi le chercheur et son équipe ont mené une étude publiée dans la revue The Journal of Neuroscience.

La réponse neuronale à chaque type de scénario active différentes zones cérébrales

Dans le cadre de ces recherches, les scientifiques ont observé l'activité cérébrale face à trois scénarios distincts censés évoquer différents types de peur : des hauteurs et du vide, des araignées et des "menaces sociales" (parler en public, confrontations avec la police). Pour les besoins des travaux, ils ont recruté 21 adultes, dont 10 femmes et 11 hommes, qui ont dû répondre à un questionnaire sur les choses qui les effrayent. Ensuite, les participants ont fait une IRM pendant qu’ils regardaient des vidéos de 20 secondes montrant des tarentules, des corniches abruptes lors d'une randonnée ou des rencontres sociales. À la fin du visionnage, ils ont dû évaluer leur peur, leur valence (le degré auquel une expérience est agréable ou désagréable) et leur excitation.

Les auteurs ont observé deux choses : les réponses à la peur se sont produites dans un éventail de régions cérébrales plus large que prévu. Néanmoins, toutes les régions cérébrales n'ont pas répondu dans les trois situations. "L'amygdale, par exemple, semblait contenir des informations prédictives de la peur dans le contexte des hauteurs et du vide, mais pas dans certains des autres contextes. Nous ne voyons pas ces soi-disant 'zones de menace classiques' impliquées dans la prédiction de la peur dans différentes situations", a précisé Ajay Satpute.

Adapter les thérapies comportementales et médicamenteuses à chaque personne et situation

D’après lui, ces résultats suggèrent que les interventions doivent également être adaptées à la personne et à la situation, car cela pourrait avoir une incidence sur les thérapies comportementales, mais aussi, bien plus tard, sur les thérapies pharmacologiques. "Les médicaments qui ciblent un circuit particulier fonctionnent, mais seulement pour environ 50 % des personnes. On ne sait pas vraiment pourquoi. Nos recherches offrent au moins une explication : les régions cérébrales qui vont avoir de l’importance pour toute expérience émotionnelle vont varier selon la personne et la situation. Si vous vous concentrez uniquement sur ce qui est commun, vous ignorez beaucoup de choses", a conclu l’auteur principal de l’étude.