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Carcinomes épidermoïdes ORL

Cancers ORL : des chercheurs français découvrent un nouveau biomarqueur de bon pronostic

Dans le cas des carcinomes épidermoïdes ORL, des chercheurs français ont découvert que la présence d’un type particulier de cellules immunitaires (des macrophages géants exprimant TREM2), est un facteur de bon pronostic, contrairement à ce que l'on pensait jusqu'à maintenant.

Cancers ORL : des chercheurs français découvrent un nouveau biomarqueur de bon pronostic Natali_Mis/Istock




L'ESSENTIEL
  • Une équipe de Gustave Roussy a découvert que la présence de macrophages exprimant TREM2 est un facteur de bon pronostic dans les carcinomes épidermoïdes ORL, une information qui pourrait améliorer la prise en charge des patients.
  • “Les résultats de ces travaux montrent que des niveaux élevés de cellules géantes multinucléées sont associés à une meilleure survie globale et une plus longue survie sans progression de la maladie.”
  • L’équipe a pu étendre cette découverte à d’autres carcinomes épidermoïdes non-ORL comme les carcinomes épidermoïdes du col de l’utérus et aimerait vérifier si c’est aussi le cas pour les carcinomes épidermoïdes de l’œsophage, du poumon ou encore de la peau.

Le carcinome épidermoïde est le type de cancer le plus fréquent en ORL, avec environ 90 % des cas. Il se développe à partir des muqueuses de la bouche, des amygdales, du pharynx ou bien du larynx. “Environ 50 % des patients atteints par cette pathologie sont victimes de récidive ou de métastase à distance dans les trois années suivant le diagnostic”, note l’Institut Gustave Roussy dans un communiqué de presse. Or, d’ici à 2030, les spécialistes estiment qu’on aura 1,08 million de nouveaux cas par an dans le monde… D’où l’urgence d'améliorer la prise en charge thérapeutique !

“Des niveaux élevés de cellules géantes multinucléées sont associés à une meilleure survie globale”

Lors de mon internat en anatomopathologie ORL à Gustave Roussy, je prenais en charge de nombreux patients atteints de carcinomes épidermoïdes ORL, dont l’analyse microscopique de leur pièce opératoire révélait la présence de grandes cellules facilement identifiables par leur taille, des cellules géantes multinucléées, explique Grégoire Gessain, interne en pathologie à Gustave Roussy. Jusqu’à ce jour, aucune étude n’avait été menée pour déterminer si leur présence avait un impact ou non sur le pronostic des patients. C’est ainsi qu’a débuté ce projet de recherche, qui a mobilisé de nombreux corps de métier présents à Gustave Roussy : des anatomopathologistes, des chirurgiens et des immunologistes, permettant de mener un véritable travail de recherche translationnelle.

Pour mener à bien la recherche, les scientifiques ont étudié deux cohortes pour un total de 394 patients atteints de carcinomes épidermoïdes ORL. Les résultats de ces travaux, publiés dans la revue Cancer Discovery, démontrent que dans le cas d’un carcinome épidermoïde de la tête et du cou, la présence en nombre de cellules géantes multinucléées est un facteur de bon pronostic. Ces cellules sont issues de la fusion de deux types de cellules du système immunitaire : les monocytes et les macrophages. Celles-ci se forment “en réponse à la kératine produite de manière anarchique par les cellules cancéreuses afin de la phagocyter, soit la détruire en l’ingérant”, indique le communiqué.

Les résultats de ces travaux montrent que des niveaux élevés de cellules géantes multinucléées sont associés à une meilleure survie globale et une plus longue survie sans progression de la maladie. Des résultats qui se sont révélés indépendants d'autres facteurs comme le sexe, l'âge, le stade de la maladie, le tabagisme et la consommation d'alcool”, précise Gustave Roussy.

“Les macrophages exprimant TREM2 sont un facteur de bon pronostic dans les carcinomes épidermoïdes”

Grâce à la transcriptomique spatiale, une technologie de pointe qui permet de caractériser les cellules directement dans leur micro-environnement tumoral sur des lames d’histologie, nous avons pu confirmer la nature macrophagique des cellules géantes multinucléées. Ces cellules géantes expriment TREM2, une protéine membranaire qui favorise le processus de phagocytose par les macrophages”, explique le Pr Florent Ginhoux, responsable du laboratoire où ont été menées les recherches. Une nouvelle d’autant plus surprenante que d’anciens travaux avaient conclu que la présence dans l’environnement tumoral de macrophages exprimant TREM2 était un facteur de mauvais pronostic. “Personne ne s’était en réalité intéressé au lien entre ces cellules et le type de cancer dans lequel elles évoluent. Nous démontrons que les macrophages exprimant TREM2 sont un facteur de bon pronostic dans les carcinomes épidermoïdes. Mais la valeur pronostique est complètement inversée dans la majorité des adénocarcinomes”, souligne Grégoire Gessain.

Prochaine étape ? Valider que ce biomarqueur est toujours de bon pronostic dans des cohortes issues d’autres centres en France et à l’international, puis déterminer son usage clinique. “Trouver un biomarqueur pronostique fiable et reproductible est quelque chose d’absolument essentiel en cancérologie : cela permet d’aider les cliniciens à stratifier les patients en fonction de leur risque et d’individualiser les traitements. Par exemple, en réduisant l’intensité et les toxicités chez les patients à faible risque, ou en intensifiant les traitements chez les patients à haut risque pour améliorer les chances de guérison. Mais aussi, en aidant à améliorer la sélection des patients pour les essais cliniques à l’avenir”, indique le Dr Philippe Gorphe, chirurgien ORL à Gustave Roussy.

Une découverte étendue à d’autres carcinomes épidermoïdes non-ORL

L’équipe a également pu étendre cette découverte à d’autres carcinomes épidermoïdes non-ORL comme les carcinomes épidermoïdes du col de l’utérus, où les résultats sur l’influence de la densité des cellules géantes ont été confirmés. D’autres recherches devraient aussi être organisées pour les carcinomes épidermoïdes de l’œsophage, du poumon ou encore de la peau.

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