“Les hommes ne sont pas assez vus en médecine générale”, déplore l’urologue et chirurgienne Dr Charlotte Methorst, lors de la conférence de presse de l’Association française d’Urologie mercredi 6 novembre 2024, menée à l’occasion du mois consacré à la santé masculine. Selon la spécialiste, ils seraient encore moins nombreux à se rendre chez un urologue. Et pourtant, la dysfonction érectile atteint beaucoup plus d’hommes qu’on pourrait l’imaginer : “environ un homme sur trois après 40 ans est touché et jusqu’à 70 % des hommes après 70 ans”, insiste-t-elle. “Ce qui est dramatique, c’est que peu d’hommes sont pris en charge correctement, avec seulement un homme sur dix parmi ceux qui en sont atteints.” Pourtant, de nombreuses solutions existent !
Avoir une approche multidimensionnelle de la dysfonction érectile
Les médecins parlent de “dysfonction érectile” quand un homme présente des troubles de l’érection depuis au moins trois mois et qu’ils se répètent à chaque relation sexuelle. “La pathologie de dysfonction érectile a une approche multidimensionnelle car elle augmente avec les comorbidités comme l’hypertension artérielle, l’obésité ou d’autres pathologies cardiovasculaires”, détaille la spécialiste. “C’est important de le souligner car quand on prend en charge cette pathologie, on constate une amélioration du suivi des autres traitements : un diabétique pris en charge pour sa dysfonction érectile suivra mieux son traitement contre le diabète, etc”, indique-t-elle.
Autre raison, s'il en fallait vraiment, pointée du doigt par la médecin pour prendre rapidement en charge ces hommes souffrant de troubles érectiles : on sait aujourd’hui que la sexualité est importante pour rester en bonne santé. “Quand on a des rapports sexuels réguliers, on diminue le risque de mortalité, on améliore l’humeur, et c’est un excellent exercice d’aérobie… qui ne nécessite pas de mettre des baskets moches !”, sourit l’urologue.
Dysfonction érectile : quels traitements possibles ?
Comme évoqué précédemment, les troubles de l’érection peuvent être liés à d’autres pathologies (facteurs de risques cardiovasculaires, diabète, obésité, apnée du sommeil, cancer de la prostate ou de la vessie, etc), mais aussi des troubles hormonaux, des effets secondaires de traitements ou encore être liés à des facteurs psychologiques (stress, anxiété, dépression, etc). L’alcool, le tabac et la prise d’autres drogues (opiacés, cocaïne, héroïne), élèvent également les risques de survenue d’un trouble de l’érection.
Plusieurs approches de traitement sont donc possibles en fonction des causes. “Quand on fait 30 minutes d'activité aérobie par jour, on améliore de deux tiers le risque de souffrir de troubles érectiles”, préconise d’abord la Dr Methorst. Récemment, de nouvelles recommandations ont été émises concernant l’hygiène de vie. “Plus précisément, il faut arrêter le tabac, pratiquer une activité physique, suivre un régime diététique, éviter l’alcool, et prendre en charge les autres comorbidités comme l’apnée du sommeil.”
“La sexothérapie avec des conseils comportementaux peut également aider les patients. Et si besoin, il y a des traitements sûrs avec peu de contre-indications, comme le Viagra”,termine-t-elle.