Les Français ayant recours à la vasectomie sont de plus en plus nombreux, avec un taux annuel multiplié par 15 entre 2010 et 2022, selon l’étude réalisée par EPI-PHARE, pendant que le taux de stérilisation féminine a été divisé par deux. Et pour la première fois en 2021 et 2022, il y a eu davantage de stérilisations masculines que de stérilisations féminines avec un taux de trois pour deux.
Pourquoi Docteur : En quoi consiste la vasectomie ?
Dr François-Xavier MADEC, chirurgien urologue à l’Hôpital Foch : La vasectomie est une méthode définitive de contraception masculine. Elle consiste à ligaturer les canaux déférents, ces petits tubes qui transportent les spermatozoïdes des testicules vers le carrefour génital (prostate et vésicules séminales). Cette intervention empêche les spermatozoïdes de se mélanger au sperme lors de l’éjaculation.
Quel est le délai pour obtenir cette contraception ?
Un délai légal de réflexion de 4 mois est obligatoire avant l’opération.
“La vasectomie est aujourd’hui le plus souvent réalisée sous anesthésie locale avec un retour à domicile dans les heures qui suivent.”
Une fois ce délai passé, comment se déroule l’intervention chirurgicale ?
La vasectomie est aujourd’hui le plus souvent réalisée sous anesthésie locale avec un retour à domicile dans les heures qui suivent. La technique « sans scalpel » est privilégiée, car elle réduit les risques de complications (hématomes, infections, douleurs). Elle consiste en une ou deux petites incisions inférieures à 10 mm au niveau du scrotum, suivies d’une dissection minimale du canal déférent. Les méthodes d’occlusion les plus efficaces associent la coagulation du canal déférent, l’interposition de fascia et l’excision-ligature du canal, offrant un risque d’échec très faible. Cette approche garantit une intervention rapide, efficace et bien tolérée.
“Il faut attendre environ 3 mois et 30 éjaculations, confirmés par un test d’absence de spermatozoïdes.”
Et quels sont les résultats après l’opération ?
Très efficace, la vasectomie présente un taux d’échec inférieur à 0,6 %, mais son effet contraceptif n’est pas immédiat : il faut attendre environ 3 mois et 30 éjaculations, confirmés par un test d’absence de spermatozoïdes. Elle n’impacte ni la sexualité ni la santé générale. Des complications mineures (1 à 2 % : infections, douleurs, hématomes) sont rares. La conservation des spermatozoïdes peut être discutée avant l’intervention.
Si des regrets surviennent, quelles solutions existe-t-il pour les patients qui voudraient retrouver leur fertilité ?
La vasectomie, de plus en plus populaire en France (10.000 interventions en 2019 contre 30.000 en 2022), reste une méthode de contraception définitive. Mais pour les 6 à 7 % des hommes qui la regrettent, trois solutions s’offrent à eux pour retrouver une chance de fertilité :
- la chirurgie reconstructive : soit la vasovasostomie (reconnexion des canaux déférents), soit la vaso-épididymostomie (reconnexion avec l’épididyme), en fonction de l’état anatomique ;
- la procréation médicalement assistée (PMA) : si le sperme a été cryoconservé avant l’intervention ;
- la FIV-ICSI : avec extraction directe des spermatozoïdes des testicules pour une fécondation in vitro.
Ces options permettent d’offrir une solution adaptée à chaque situation.
Chirurgie reconstructive : “une réversion réalisée dans les 3 premières années offre les meilleurs résultats”
Quels facteurs influencent la réussite de la chirurgie reconstructive ?
La vasovasostomie ou la vaso-épididymostomie est la seule méthode permettant une grossesse spontanée sans recourir à la procréation médicalement assistée (PMA) après vasectomie. Cette intervention, réalisée sous anesthésie générale et microscope, vise à rétablir la perméabilité des canaux déférents grâce à des sutures très fines. L’opération dure 2 à 3 heures et se pratique en ambulatoire, permettant une sortie le jour même. Le succès se mesure par la présence de spermatozoïdes dans le sperme (60 à 90 %) et par le taux de grossesses naturelles obtenues (40 à 70 %). Le délai depuis la vasectomie est un facteur clé : une réversion réalisée dans les 3 premières années offre les meilleurs résultats. D’autres éléments influencent la réussite, notamment l’âge et la fertilité de la partenaire, la qualité des testicules (taille, consistance) et l’absence de varicocèle [une dilatation des veines du testicule, ndlr].