- Une étude montre que l'oxygénothérapie hyperbare améliore l'état des personnes souffrant de TSPT qui n'ont pas répondu à la psychothérapie ou aux médicaments.
- L'imagerie a montré une meilleure connectivité cérébrale chez ces patients.
- Ils avaient aussi moins de symptômes comme les cauchemars, les flashbacks, l'hypervigilance, l'irritabilité ou encore l'évitement.
La médecine hyperbare, aussi connue sous le nom d'oxygénothérapie hyperbare, consiste à donner à un patient de l’oxygène à une pression supérieure à celle de l'atmosphère. Elle est principalement utilisée pour traiter les accidents de décompression liés à la plongée.
Toutefois, une étude de l’université de Tel Aviv montre que les caissons hyperbares pourraient aussi être utiles aux personnes souffrant de troubles du stress post-traumatique (TSPT) qui n'ont pas répondu à la psychothérapie ou aux médicaments.
Les travaux, présentés dans la revue The Journal of Clinical Psychiatry, montre que les personnes souffrant de TSPT traitées par cette méthode, voient leur état s’améliorer.
Stress post-traumatique : 60 séances dans un caisson hyperbare
Environ 20 % des personnes ayant vécu un événement très traumatisant (accidents, agression physique ou sexuelle, catastrophe naturelle, prise d’otage, combats militaires…) développent des troubles du stress post-traumatique (TSPT). Ces derniers peuvent avoir de graves répercussions sur la qualité de vie, la vie de famille et les performances professionnelles.
"Des études antérieures sur des patients résistants à la thérapie ont révélé des changements dans la structure et la fonction des tissus cérébraux, ou une "blessure biologique" qui explique cette résistance au traitement", explique la Dr Keren Doenyas-Barak qui a co-dirigé l’étude. Face à ce constat, les chercheurs se sont demandés si l’oxygénothérapie hyperbare pouvait soulager les malades, et ont développé un protocole.
"Chaque patient reçoit une série de 60 séances de deux heures dans notre chambre hyperbare, au cours desquelles il est exposé à 100 % d'oxygène pur à une pression de 2 atmosphères (deux fois la pression atmosphérique normale au niveau de la mer). Notre protocole prévoit une respiration alternée d'oxygène et d'air normal : toutes les 20 minutes, le patient retire le masque à oxygène et respire de l'air normal pendant cinq minutes. La baisse du niveau d'oxygène, au niveau des tissus, active les processus de guérison et renforce ainsi l'effet thérapeutique", indique la scientifique dans un communiqué de son établissement.
L’oxygénothérapie hyperbare est efficace contre le TSPT
Lors des tests menés de 2019 à l’été 2023, les chercheurs ont suivi 98 patients souffrant de TSPT. La moitié suivait le protocole d’oxygénothérapie hyperbare mis au point par l’équipe en respirant bien de l'oxygène à haute pression, l’autre suivait le protocole, mais avait de l’air normal dans le caisson. Les analyses ont montré que le groupe ayant reçu une thérapie hyperbare a montré une meilleure connectivité dans les réseaux cérébraux, ainsi qu'une diminution de tous les symptômes typiques du trouble de stress post-traumatique. Il n’y avait aucun changement observé ni au niveau du cerveau ni au niveau des signes cliniques de la pathologie chez le groupe "placebo".
"Notre étude a démontré que l'oxygénothérapie hyperbare induit une guérison biologique dans le cerveau des personnes souffrant de TSPT. La guérison de la blessure biologique a également un impact sur les symptômes cliniques. Nous pensons que l'oxygénothérapie hyperbare, basée sur le protocole spécial que nous avons développé, peut apporter un soulagement à de nombreuses personnes souffrant de stress post-traumatique dans le monde entier, leur permettant de reprendre une vie normale dans leur communauté et leur famille", explique le professeur Shai Efrati, co-directeur de la recherche.
Il met par ailleurs en garde : "Les patients souffrant de TSPT ne doivent suivre une oxygénothérapie hyperbare que dans des centres hyperbares professionnels, où le traitement est administré par des équipes multidisciplinaires expérimentées dans les soins. Les chambres hyperbares privées non supervisées ne sont pas en mesure de fournir un protocole éprouvé et efficace. De plus, les patients doivent bénéficier d'une évaluation professionnelle approfondie pour s'assurer qu'ils sont aptes à suivre une oxygénothérapie hyperbare et pour déterminer le soutien supplémentaire nécessaire tout au long de leur parcours de traitement."