"L'enfance est une période d'amélioration rapide de la mémoire et, plus généralement, de la cognition. Chez les enfants asthmatiques, cette amélioration peut être plus lente." C’est ce qu’a déclaré Nicholas Christopher-Hayes, doctorant en psychologie à l’université de Californie à Davis. Pour parvenir à cette conclusion, lui et son équipe ont réalisé une étude, publiée dans la revue JAMA Network Open, afin d’examiner comment l'asthme altère le développement de la mémoire des tout-petits.
Le développement de la mémoire épisodique chez les enfants asthmatiques se fait plus lentement
Dans le cadre des travaux, les chercheurs ont, dans un premier temps, passé en revue les données d’une cohorte sur le développement cognitif du cerveau des enfants, appelée "Adolescent Brain Cognitive Development", portant sur 11.800 jeunes âgés de 9 à 10 ans. Ensuite, seulement 473 patients souffrant d’asthme ou n’ayant pas d’antécédents de cette maladie respiratoire ont été sélectionnés et inclus dans l’analyse finale, dont le suivi a duré deux ans. "L'asthme a été déterminé à partir des rapports des parents." La mémoire épisodique, à savoir celle qui compose les histoires de nos vies, et des fonctions exécutives, tels que la vitesse de traitement, l'inhibition et l'attention, des volontaires ont été testés.
Les enfants ayant un début d'asthme plus précoce, qui souffraient de la maladie depuis plus longtemps, présentaient un développement plus lent de la mémoire épisodique. Plus généralement, les jeunes ayant été exposés à l'asthme avaient des scores inférieurs aux mesures de la mémoire épisodique et des fonctions exécutives. Selon les auteurs, ces déficits de mémoire peuvent avoir des conséquences à long terme. "L'asthme pourrait mettre les enfants sur une trajectoire susceptible d'augmenter leur risque de développer plus tard quelque chose de plus grave comme la démence à l'âge adulte", ont-ils précisé.
"Comprendre les facteurs susceptibles d'exacerber les risques ou d'en assurer la protection"
Bien que l'étude n'ait pas évalué le mécanisme responsable des difficultés de mémoire associées à l'asthme, l'équipe a évoqué divers facteurs potentiels, tels qu'une inflammation prolongée due à l'asthme ou des perturbations répétées de l'apport d'oxygène au cerveau en raison de crises. Des recherches menées sur des rongeurs ont également révélé que les médicaments courants contre l'asthme ont un effet mesurable sur l'hippocampe, une structure du cerveau qui joue un rôle fondamental dans la mémoire épisodique chez les rongeurs et les humains. "Nous devons comprendre les facteurs susceptibles d'exacerber les risques ou d'en assurer la protection", ont conclu les scientifiques.