Inciter les industriels de l’agroalimentaire à réduire les quantités de sucre pourrait ralentir l’épidémie d’obésité, ont récemment affirmé des scientifiques britanniques, qui ont constitué un groupe de réflexion (Action on sugar). « L'industrie alimentaire pourrait facilement réduire de 20 % à 30 % la quantité de sucre ajoutée aux produits, a développé Graham MacGregor, professeur de cardiologie au Wolfson Institute of Preventive Medicine, qui avait été à l’initiative d’un groupe d’action sur la réduction de la consommation de sel. « Si cette mesure était mise en œuvre par les industriels, cela se traduirait par une réduction d’environ 100 kilocalories par jour par personne. » Selon le Pr MacGregor, « c'est un plan simple qui permet de réduire les très grandes quantités de sucre ajoutées par l'industrie alimentaire à nos aliments. »
Du sucre même dans le jambon
Eaux aromatisées, boissons pour les sportifs, yaourths, ketchup, plats cuisinés mais aussi les pains de mie ou briochés, céréales du petit déjeuner… Autant de produits utilisés au quotidien qui pourraient être concernés par cette mesure. Pour le Dr Arnaud Cocaul, nutritionniste, auteur de nombreux livres de diététique, la mesure ne serait pas aussi simple à faire appliquer à l’industrie. Il plaide en premier lieu pour un étiquetage plus précis de la composition de produits alimentaires. « Mes patients sont à chaque fois très étonnés d’apprendre qu’en consommant du jambon industriel, ils absorbent non seulement des protéines mais aussi du sucre, témoigne le nutritionniste. Il est donc nécessaire de leur faire prendre conscience de façon lisible et précise ce qu’il y a dans leurs plats préférés. »
Ecouter le Dr Arnaud Cocaul, nutritionniste. « Il y a des idées fausses. Parfois, on voit du sucre là où il n’y en a pas forcément, comme dans certains chocolats, et à l’inverse on ne voit pas le sucre là où il y en a comme dans le jambon. Donc, il faut obtenir des industriels un étiquetage soit plus franc. »
Aucune sensation de satiété avec le sucre ajouté
Les scientifiques britanniques plaident également pour une réduction de la publicité agroalimentaire destinée aux enfants. « L'industrie alimentaire doit immédiatement cesser de viser les enfants avec de la publicité massive pour des collations et des boissons gazeuses à haute teneur en calories, » ont-ils souligné. « Le sucre ajouté n’a pas de valeur nutritive, ne provoque pas de sensation de satiété, ce qui est une cause majeure d’obésité », a précisé le Dr Aseem Malhotra, cardiologue et directeur scientifique du groupe « Action sur le sucre ». « Il faut bien comprendre que le glucose est indispensable pour vivre, il est notamment consommé par les neurones, rappelle le Dr Arnaud Cocaul. « A l’inverse, les sucres ajoutés, comme le saccharose, ne le sont absolument pas. Ces sucres augmentent le risque de diabète de type 2, de syndrome métabolique et de stéatose hépatique. »
Ecouter le Dr Arnaud Cocaul, nutritionniste. « Avec les boissons sucrées, il n’y a pas de phénomène de satiété. Les jeunes qui boivent un soda peuvent consommer 120 à 130 calories par verre pendant la journée mais au moment des repas, leur cerveau ne leur envoie pas de consignes pour diminuer l’apport calorique. »