- Deux heures de cours en plein air chaque semaine aident les enfants souffrant de problèmes de santé mentale.
- En cas de dépression, d'anxiété ou encore d'agressivité, cette méthode permet de réduire leurs symptômes.
- Cela pourrait donner naissance à des programmes "nature" pour aider les enfants atteints de troubles de la santé mentale.
Les enfants ont besoin de nature. Particulièrement ceux qui souffrent de troubles de la santé mentale. Une équipe de recherche de l’Université McGill et de l’Observatoire pour l’éducation et la santé des enfants de l’Université de Montréal, l’a constaté dans une étude, récemment parue dans JAMA. Passer du temps dehors, régulièrement, a permis de réduire les symptômes des enfants souffrant de problèmes de santé mentale.
Santé mentale et nature : un essai unique en son genre
"Cette idée a germé pendant la pandémie. On s’inquiétait alors pour la santé des enfants qui, chaque jour, passaient des heures et des heures à l’intérieur de leur école, explique Marie-Claude Geoffroy, autrice en chef, professeure agrégée au Département de psychiatrie de l’Université McGill et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale et prévention du suicide chez les jeunes au Centre de recherche Douglas. J’ai passé beaucoup de temps au parc avec mes enfants et j’ai pu constater que ça nous faisait le plus grand bien, à eux comme à moi." Elle pense alors à lancer une étude sur les effets de la nature sur le comportement et l’humeur. Si des études observationnelles ont déjà été réalisées par le passé, c’est la première fois qu’un essai comparatif est mené.
Pour cela, les scientifiques ont recruté un millier d’enfants âgés de 10 à 12 ans, issus de différents milieux socio-économiques. Les jeunes participants ont été répartis en deux groupes : le premier a continué à avoir cours à l’intérieur de l’école, les autres ont participé à des classes en plein air. Pour ces derniers, deux heures hebdomadaires étaient passées dans un parc. "Le personnel devait enseigner la matière prévue au programme, précisent les auteurs. Nous avons demandé aux enseignants et enseignantes d’intégrer une activité de 10 à 15 minutes axée sur la santé mentale." Cela pouvait être du dessin, de la marche, etc.
Santé mentale : plus les symptômes sont marqués, plus les effets de la nature sont importants
Selon les commentaires du personnel enseignant recueillis après l’intervention, les enfants étaient plus calmes, détendus et attentifs en classe après avoir passé du temps en nature. "C’est chez les enfants dont les symptômes étaient les plus marqués au départ que le recul symptomatique a été le plus important", observe Marie-Claude Geoffroy. Il s’agit des enfants qui avaient les problèmes de santé mentale les plus importants au début de l’étude : anxiété et dépression, agressivité et impulsivité ou problèmes d’interactions avec les camarades.
"Cette observation semble indiquer que les programmes nature pourraient procurer des bienfaits ciblés aux enfants à la santé mentale plus fragile et possiblement aplanir des inégalités en santé mentale chez les enfants d’âge scolaire", estime Sylvana Côté, l’une des autrices de l’article, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la prévention des problèmes psychosociaux et éducatifs chez l’enfant.
Pour les différents auteurs de cet article, cette méthode d’intervention est une stratégie prometteuse : peu coûteuse et sans risque, elle semble efficace pour aider les enfants les plus vulnérables face aux problèmes de santé mentale.