- Plus de 3,8 millions de personnes étaient traitées par médicament pour un diabète en 2023.
- Les disparités territoriales concernant la maladie chronique sont très marquées.
- Les départements et régions d’Outre-mer et en Seine Saint Denis sont les plus touchés.
Les dernières données de surveillance du diabète publiées par Santé Publique France le 14 novembre, montrent que cette maladie progresse dans le pays. Les auteurs remarquent, entre autres, une hausse conséquente des cas chez les jeunes de moins de 20 ans avec un diabète de type 1. Leur nombre est passé de 20.300 en 2012 à 31.400 en 2023.
Au total, ce sont plus de 3,8 millions de personnes qui ont été traitées par médicament pour un diabète (type 1 et type 2) en 2023, soit 5,6 % de la population. Toutefois, le rapport montre - en plus de la hausse des cas - une disparité importante sur le territoire français.
Diabète : un taux de prévalence très élevé en outre-mer
"Les disparités territoriales restent très marquées avec une fréquence du diabète beaucoup plus élevée dans les départements et les régions d’Outre-mer et en Seine-Saint-Denis", rapporte Santé Publique France dans son communiqué.
En effet, la Réunion est le département avec le taux de prévalence le plus important avec 9,72 % de la population du département traité pour diabète en 2023. L'île de l'océan indien est suivie par la Guadeloupe (8,90 %) et la Seine-Saint-Denis (8,21 %). Viennent ensuite la Guyane (7,90 %) et la Martinique (7,89 %). Par ailleurs, ce top 5 affiche un écart important avec les autres départements français puisque le Val d’Oise qui est 6e, a un point de moins que le 5e et près de 3 points avec le premier, avec une taux de prévalence de 6,88 %.
"À l’opposé, les départements situés à l’Ouest de l’Hexagone et notamment en Bretagne enregistrent les fréquences les plus faibles". L’Ille-et-Vilaine qui est le département avec la plus faible prévalence affiche plus de 6 points de moins que l’Île de la Réunion (3,49 %). Viennent ensuite le Finistère (3,53 %), les Hautes-Alpes (3,57 %), le Morbihan (3,62 %) et les Côtes-d’Armor (3,66 %).
Outre-mer : pourquoi il y a autant de cas de diabète ?
Pourquoi le diabète est beaucoup plus présent dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) ? François Bourdillon, ancien directeur général de Santé publique France, avait avancé plusieurs explications dans l’éditorial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié le 14 novembre 2023.
En premier lieu, la qualité de la nourriture mise sur le marché. Bien que la loi Hurel de 2013 visait à garantir que la quantité de sucres ajoutés soit similaire dans les aliments vendus dans les départements ultramarins et en métropole, "les produits alimentaires d’outre-mer sont volontairement plus sucrés que dans l’Hexagone" encore aujourd’hui.
Les études ont également révélé quelques spécificités en outre-mer. "Une prédominance féminine, une part plus importante de patients avec un niveau socio-économique défavorable et une part importante de patients sans Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C). La découverte en Guyane et à La Réunion d’un diabète de type 2 chez des personnes plus jeunes et de corpulence moindre interroge sur l’existence possible de susceptibilité génétique ou épigénétique", précise l’expert. Le spécialiste note également qu’il y a une hausse de la consommation des aliments ultra-transformés, au détriment des féculents et tubercules traditionnels ou encore des fruits et légumes.
Ces différents éléments pourraient expliquer, selon lui, la forte disparité observée entre l’Hexagone et les départements d’outre-mer.