D’après les données de l’Assurance Maladie, l’adénome de la prostate touche 37 % de la gente masculine après 70 ans, soit plus d’un homme sur trois. “Il s’agit d’un grossissement bénin de la prostate, explicite le Dr Khodari, urologue à la Clinique Paul Picquet. Quand il devient trop volumineux, l’adénome comprime l’urètre et la vidange de la vessie ne se fait plus correctement. Les symptômes – besoin fréquent d’uriner, jet urinaire faible, fuites urinaires, troubles sexuels – peuvent être très gênants.”
“Certains patients ne peuvent pas ou ne souhaitent pas subir l’intervention chirurgicale.”
Plusieurs traitements sont possibles pour réduire les symptômes. Si les médicaments sont souvent ceux utilisés en première intention, ils ne sont pas efficaces dans tous les cas et une intervention chirurgicale s’avère alors nécessaire. “Mais certains patients ne peuvent pas ou ne souhaitent pas subir l’intervention chirurgicale et l’hospitalisation de plusieurs jours qui suit ; et ils sont fatigués de vivre avec les vertiges et les effets secondaires notamment sexuels des médicaments sur ordonnance”, détaille le médecin. Dans sa clinique de l’Yonne, il propose désormais à ses patients une alternative : le traitement à la vapeur d’eau Rezum.
Comment fonctionne ce traitement à la vapeur d’eau Rezum ?
“Cette technique utilise l’injection d’eau chaude à 70°C au niveau de la prostate pour la faire diminuer de volume. Elle est réservée aux prostates dont le volume est situé entre 30 et 80 grammes, explique l’urologue. Le traitement Rezum est innovant car il offre une alternative moins invasive, plus sûre et plus efficace aux traitements traditionnels de l’hypertrophie bénigne de prostate. Il permet de cibler précisément les tissus prostatiques à traiter, réduisant ainsi les dommages collatéraux sur les tissus sains environnants. Contrairement aux techniques chirurgicales traditionnelles qui utilisent des instruments coupants, la vapeur d’eau coagule les tissus en excès, ce qui est moins traumatisant pour l’organisme.”
Les 4 atouts du traitement Rezum par rapport aux autres techniques
Pour les patients ayant la possibilité de recourir au traitement Rezum, les avantages sont multiples.
C’est une technique mini-invasive permettant une récupération rapide des activités par les patients après l'intervention. Le séjour hospitalier est court : “réalisée en ambulatoire, la procédure [qui dure une dizaine de minutes, ndlr] limite le temps passé à l’hôpital par rapport aux techniques chirurgicales habituelles (2 jours d’hospitalisations en moyenne)”, souligne le médecin. Qui plus est, “les douleurs post-opératoires sont généralement moins intenses et plus faciles à gérer qu’avec les autres méthodes” avec des effets secondaires “généralement légers et temporaires, comme des brûlures urinaires ou une légère rétention urinaire”, détaille le spécialiste.
L’autre atout de ce traitement est le fait qu’il offre une préservation de la fonction sexuelle avec le maintien de l’éjaculation. Par ailleurs, les risques de présenter des troubles de l’érection sont moindres par rapport aux autres traitements.
“Les patients rapportent généralement une amélioration durable de leurs symptômes urinaires au bout de 15 jours”, ajoute le Dr Khodari qui indique que les résultats semblent être stables dans le temps. “Bien que les études à court terme montrent des résultats prometteurs, il est encore un peu tôt pour avoir des données très complètes sur les résultats à long terme au-delà de 5 ans”, tempère-t-il.
Dernier avantage, et non des moindres, cette technique permet au médecin de s’adapter à différents profils de patients. “Le Rezum peut être proposé à un large éventail de patients, y compris ceux qui sont contre indiqués à d'autres traitements chirurgicaux standard.”
Un faible taux de retraitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate à 5 ans
Les risques postopératoires du traitement Rezum sont :
- l’infection urinaire : “c’est le risque le plus fréquent, généralement traité par des antibiotiques” ;
- les saignements : “bien que rare, un saignement peut survenir et nécessiter une intervention supplémentaire” ;
- la rétention urinaire : “une difficulté à uriner peut survenir temporairement après l’intervention” ;
- les douleurs : “des douleurs pelviennes peuvent être ressenties pendant quelques jours après le traitement” ;
- l’incontinence urinaire : “rarement, une incontinence urinaire peut apparaître” ;
- l’échec du traitement : “dans certains cas, les symptômes peuvent persister ou réapparaître, nécessitant d’autres traitements”.
Sur le long terme, les résultats de ce traitement sont bons, “avec un faible taux de retraitement à cinq ans”. Néanmoins, il est difficile d’avoir des données définitives car l’hypertrophie bénigne de la prostate est une pathologie naturellement progressive. “Il est donc normal que certains patients puissent à nouveau ressentir des symptômes au fil du temps”, remarque le Dr Khodari. Des facteurs individuels entrent aussi en jeu : “des facteurs génétiques, des conditions de santé sous-jacentes et des facteurs liés au mode de vie peuvent influencer la durée des bénéfices du traitement”.