Face à la montée des troubles mentaux chez les adolescents, des chercheurs des universités de Cambridge et King’s College de Londres, au Royaume-Uni, ont mis au point une thérapie de pleine conscience spécifiquement conçue pour les jeunes et leurs familles. L’objectif : proposer une solution plus adaptée et efficace pour lutter contre la dépression. Alors que celle-ci touche environ 140.000 adolescents britanniques de 15 à 19 ans, pas moins de 22.000 d’entre eux ne réagissent pas aux traitements existants, ou rechutent après une prise en charge initiale.
La pleine conscience adaptée aux adolescents
La thérapie, baptisée ATTEND (Adolescents and carers using mindfulness Therapy To End Depression), adapte la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (TCBPC), reconnue pour ses bienfaits chez les adultes, en la rendant plus accessible aux jeunes. Mais l’idée est la même : reconnaître les schémas de pensée négatifs, susceptibles de déclencher ou maintenir l’anxiété, et se concentrer davantage sur le moment présent.
Au menu de la thérapie : un programme de huit semaines incluant des séances dynamiques en groupe, en ligne ou en présentiel, avec des pauses actives et des exercices adaptés aux adolescents. Le tout soutenu par une application interactive pour ancrer les compétences apprises. Un essai clinique est actuellement mené au Royaume-Uni sur 480 adolescents et leurs parents pour évaluer l’efficacité de cette thérapie de pleine conscience par rapport aux traitements standards, en mesurant notamment les taux de récupération ou la prévention des rechutes.
L’innovation majeure du programme ATTEND réside dans son approche très "familiale" : des sessions parallèles sont prévues pour les parents, leur permettant de mieux comprendre et soutenir leurs enfants, mais également renforcer les relations familiales et leur propre santé mentale. "Soutenir un adolescent en dépression peut être incroyablement difficile pour les familles. Les parents ont souvent du mal à savoir comment aider au mieux leurs enfants", affirme le professeur Patrick Smith, qui a participé à l’étude, dans un communiqué.
Intervenir tôt pour réduire le risque de dépression
Kat Nellist, officiellement diagnostiquée d’anxiété et de dépression depuis l’enfance, témoigne des bienfaits de la pleine conscience. Depuis ses 15 ans, après plusieurs échecs thérapeutiques (dont la thérapie cognitivo-comportementale), elle a suivi un programme TCBPC, qui l’a aidée à reconnaître et gérer ses pensées négatives, à mieux profiter de l’instant présent et à améliorer ses relations avec sa famille. Aujourd’hui étudiante en psychologie, Kat Nellist s’implique dans le projet ATTEND pour s’assurer qu’il reste centré sur les besoins des adolescents.
Les chercheurs espèrent intégrer ATTEND au système de santé publique britannique pour toucher le plus grand nombre de jeunes en difficulté. "Si nous intervenons tôt, nous pouvons réduire leur souffrance future", insiste Kat Nellist.