- Le nombre et le type de microbes présents dans la salive des femmes enceintes diffèrent selon leur santé mentale.
- Par exemple, les futures mamans qui avaient récemment connu un stress dans leur vie, avaient une plus grande quantité d'espèces Pseudomonadota.
- Les taux de bactérie Spirochaetota étaient plus élevés chez les femmes enceintes présentant des symptômes de dépression.
Et si la salive des futures mamans pouvait aider à avoir une vision plus précise de leur santé mentale ? Cela pourrait être possible si on en croit une étude publiée dans la revue BMJ Mental Health. Ses auteurs ont découvert que le stress et la santé mentale sont associés avec le microbiote oral des femmes enceintes.
Santé mentale : les microbes dans la bouche des femmes enceintes varient selon les troubles
Pour cette étude, les chercheurs ont réuni 224 femmes enceintes. Leur niveau de stress et leur santé mentale ont été évalués au cours de leur deuxième trimestre. Les futures mamans ont également été invitées à fournir un échantillon de salive. Des analyses ont été menées pour connaître les microbes présents ainsi que leur quantité.
Les résultats ont montré que le microbiome oral variait selon que les femmes avaient signalé des symptômes de stress vital, d'anxiété, de dépression ou de syndrome de stress post-traumatique (SSPT) pendant les évaluations.
Dans le détail, les participantes présentant des symptômes d'anxiété ou de dépression élevés, présentaient une grande diversité alpha. Ce qui signifie que la salive contenait de nombreux types d’espèces microbiennes à des niveaux relativement uniformes. Il était ainsi moins probable qu’une espèce domine les autres.
Les futures mamans ayant des niveaux élevés de symptômes du syndrome du trouble de stress post-traumatique, avaient une grande diversité bêta. C’est-à-dire que les espèces microbiennes présentes dans leur salive différaient de celles trouvées chez les femmes présentant de faibles symptômes de SSPT.
Certaines espèces étaient aussi associées à certains troubles. Les femmes qui avaient récemment connu un stress dans la vie, avaient une plus grande abondance d'espèces Pseudomonadota (anciennement Proteobacteria). Les taux de bactérie Spirochaetota étaient plus élevés chez les patientes enceintes souffrant de dépression. Un plus grand nombre d'espèces de bactéries Dialister et de type Bacillota (anciennement Firmicutes) ont été observées chez les futures mamans présentant des niveaux de symptômes d'anxiété et de dépression. Les espèces du genre Eikenella étaient plus nombreuses chez les femmes touchées d'anxiété élevée, de dépression ou de SSPT.
"Vingt-deux covariables potentielles ont été étudiées pour voir si elles influaient les changements dans le microbiome. Cette analyse a révélé que le tabagisme pouvait expliquer 7,2 % de la variance observée dans les microbiomes oraux, les problèmes dentaires pourraient expliquer 3,1 %, la violence conjugale pourrait expliquer 4,1 % et la grossesse non planifiée pourrait expliquer 2 %", précisent les auteurs dans leur communiqué.
Stress, anxiété : viser le microbiote oral pour soigner ?
"Notre étude montre que de nombreux aspects du microbiome buccal pendant la grossesse sont associés au stress de la vie et à la santé mentale des femmes. Il est important de noter que ces associations diffèrent des études du microbiome intestinal et des études sur les personnes non enceintes", concluent les chercheurs.
Pour eux, leur découverte montre que le microbiote oral des futures mamans pourrait devenir une cible thérapeutique de la santé mentale.
"Le ciblage réussi du microbiome intestinal avec un traitement probiotique pour améliorer la santé mentale maternelle pourrait être étendu dans les études futures pour cibler les microbes de la cavité buccale par le biais de changements alimentaires, de recommandations pour améliorer la santé bucco-dentaire et de traitements probiotiques qui pourraient bénéficier aux mères aux prises avec un stress élevé et une mauvaise santé mentale", disent-ils.