- Une étude sur des souris révèle que les femelles, comparées aux mâles, dorment moins, se réveillent plus souvent et ont un sommeil moins réparateur – des différences attribuées à des facteurs biologiques plus qu'à des influences culturelles.
- Les chercheurs ont constaté que les mâles dormaient une heure de plus par jour, avec un sommeil non-REM plus profond. Ces écarts, observés chez d'autres espèces, pourraient être liés aux hormones et à une sensibilité adaptative pour protéger la progéniture.
- L'étude souligne aussi un biais dans la recherche biomédicale, souvent centrée sur les mâles, et appelle à une meilleure prise en compte des différences sexuelles pour des résultats plus équitables.
"Il est souvent admis que les disparités de sommeil entre hommes et femmes proviennent de facteurs socioculturels, comme les habitudes de vie ou le rôle protecteur en tant que mère." Mais selon une équipe de chercheurs de l’Université du Colorado Boulder (Etats-Unis), ces écarts pourraient être davantage ancrés dans la biologie. Des expériences menées sur des centaines de souris révèlent en effet que les femelles dorment moins, se réveillent plus souvent et bénéficient d’un sommeil moins réparateur que les mâles.
Les femelles ont un sommeil plus fragmenté
Dans le détail, l’étude, publiée dans la revue Scientific Reports, révèle que les mâles dorment environ 670 minutes par jour, soit une heure de plus que les femelles. Cette différence réside principalement dans le sommeil lent, ou non-REM (Non-Rapid Eye Movement), une phase essentielle pour la régénération du corps. En revanche, les femelles présentent un sommeil plus fragmenté, se réveillant plus fréquemment.
La recherche s’inscrit dans un contexte plus large où des différences similaires ont été observées chez d’autres espèces, des oiseaux aux poissons-zèbres. D’un point de vue évolutionniste, la fragmentation du sommeil des femelles pourrait s’expliquer par leur rôle de soin, de protection : elles doivent rester alertes pour protéger leur progéniture. Cette sensibilité accrue pourrait également être liée aux hormones, comme le cortisol, qui favorisent l’éveil, ou les variations de l’œstrogène et de la progestérone au cours du cycle menstruel.
Une plus grande parité dans les études scientifiques
Au-delà de cette observation, ces résultats pourraient surtout avoir des implications pour la recherche biomédicale. "La découverte la plus surprenante n’est pas que les souris mâles et femelles dorment différemment, mais que personne n’avait étudié cela en profondeur avant aujourd’hui", abondent les chercheurs dans un communiqué. Aujourd’hui, les travaux sur le sommeil et ses impacts sur la santé – des maladies neurodégénératives à l’obésité – reposent souvent sur des études animales, mais la sous-représentation des femelles pourrait biaiser les conclusions.
"Nous avons constaté que la prise en compte insuffisante des différences sexuelles peut mener à des interprétations erronées des données." Ce biais n’est pas anodin : lorsqu’un traitement est testé majoritairement sur des mâles, ses effets spécifiques sur les femelles peuvent passer inaperçus, ou pire, être jugés inefficaces. Les auteurs appellent donc à une plus grande équité dans les études scientifiques, en incluant autant de sujets mâles que femelles et en analysant leurs données séparément.