La question de l’inefficacité croissante des antibiotiques, qui semblait inimaginable il y a quelques décennies, est aujourd’hui au cœur d’une crise mondiale de santé publique. La résistance aux antibiotiques, ou antibiorésistance, menace de faire basculer l’humanité dans une ère où des infections courantes redeviendraient mortelles. Chaque année en France, elle est responsable de 25.000 décès et coûte près de 1,5 milliard d’euros à l’économie. Alors, comment agir pour préserver l’intérêt de ces précieux traitements ?
A l’occasion de la semaine mondiale de sensibilisation au bon usage des antibiotiques et à l'antibiorésistance, qui s’est déroulée du 18 au 24 novembre 2024, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié un document intitulé "Prévention de la résistance aux antibiotiques : une démarche 'Une seule santé'" (One Health). Cette synthèse de 35 pages met en avant la dynamique engagée en France pour prévenir l'antibiorésistance avec une approche "intégrant la santé humaine, animale et environnementale".
L’antibiorésistance, une menace bien réelle
Lorsque les bactéries s’adaptent pour échapper à l’action des antibiotiques, elles deviennent résistantes. Ce phénomène, amplifié par un usage excessif ou inapproprié des antibiotiques, complique les traitements, rallonge les hospitalisations et, parfois, rend les infections incurables. La France est aujourd’hui le cinquième pays le plus consommateur d’antibiotiques en Europe. Bien que la consommation ait diminué en 2023, selon les tendances observées avant la pandémie de Covid-19, elle reste élevée par rapport aux autres Etats européens.
Les données de l’antibiorésistance dans le pays sont préoccupantes : en 2023, 13,5 % des bactéries Escherichia coli, responsables de nombreuse infections urinaires, étaient devenues résistantes aux fluoroquinolones, un antibiotique clé. Même problème avec le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) et l’Enterococcus faecium à la vancomycine, des bactéries fréquentes dans les infections associées aux soins.
Les bons gestes pour préserver l’efficacité des antibiotiques
Depuis le 18 novembre, Santé publique France, le ministère de la Santé et l’Assurance Maladie rediffusent la campagne de prévention "Les antibiotiques : bien se soigner, c'est d'abord bien les utiliser", avec pour objectif de sensibiliser à leur bon usage et d’éviter leur surconsommation. Tout le monde ne sait pas, par exemple, que les antibiotiques sont efficaces uniquement sur les infections bactériennes et n’ont aucun effet sur des infections provoquées par un virus.
Voici les bons gestes à suivre pour bien utiliser les antibiotiques et prévenir ce phénomène d’antibiorésistance :
- Suivre scrupuleusement les prescriptions. Un antibiotique ne s’automédique pas et ne soigne pas les virus. Si prescrit, respectez la dose, la durée et les heures de prise indiquées. Cesser un traitement prématurément peut laisser des bactéries survivantes, plus aptes à développer des résistances.
- Rapporter les médicaments non utilisés. Ne gardez pas d’antibiotiques "au cas où". Confiez les restes à votre pharmacien, via le réseau Cyclamed, pour éviter leur mauvais usage ou leur impact environnemental.
- Prévenir les infections. Chaque infection évitée, c’est un antibiotique préservé. Adoptez des gestes simples : se laver les mains fréquemment et soigneusement, respecter les règles d’hygiène alimentaire (conservation et cuisson), porter un masque en cas de symptômes de toux ou de fièvre, suivre les vaccinations recommandées pour éviter certaines infections bactériennes.