- Contrairement au tissu adipeux blanc, qui stocke les graisses, le tissu adipeux brun les brûle pour générer de la chaleur et réguler la température corporelle.
- Exposés au froid et en l'absence de nourriture, les souris n’exprimant pas deux enzymes (ATGL et HSL) dans les triglycérides (acides gras) ne sont pas capables de maintenir leur température corporelle.
- Grâce à des techniques avancées d'imagerie, l’équipe toulousaine a observé que la capacité de la graisse brune à produire de la chaleur était très fortement réduite chez les rongeurs ne présentant pas les enzymes.
Majoritaire dans l’organisme, le tissu adipeux blanc stocke les graisses et est responsable de l’obésité et ses complications en cas d’excès. À l’inverse, le tissu adipeux brun, qui ne représente que quelques pourcents de la masse de graisse, présente la capacité d’utiliser les acides gras pour générer de la chaleur, ce qui aide à maintenir la température corporelle. "Il faut comprendre comment elle fonctionne et comment on va pouvoir la réactiver. Et pour pouvoir la réactiver, il faut comprendre comment elle fonctionne", a déclaré, au site d’informations Dis-Leur !, Dominique Langin, professeur des universités, praticien hospitalier à l’université Toulouse III – Paul Sabatier et chercheur au sein de l’Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC, Inserm/UT3).
Obésité : créer des souris dépourvues de deux enzymes dans les triglycérides
Dans une récente étude, publiée dans la revue Cell Metabolism, il a ainsi, avec son équipe, voulu déterminer la voie d’activation des cellules de graisse brune, qui sont constituées de triglycérides, une association de trois acides gras liés à une molécule de glycérol. "L’hydrolyse (à savoir la destruction d'une substance chimique par l'eau) des triglycérides est assurée par deux enzymes : la triglycéride lipase adipeuse (ATGL) et la lipase hormono-sensible (HSL)." Pour mener à bien les travaux, les scientifiques ont créé des souris n’exprimant aucune des deux enzymes dans le tissu adipeux brun. Ensuite, les animaux ont été exposés au froid et privés de nourriture.
La graisse brune des rongeurs est hypertrophiée et n’assure pas la régulation de la température corporelle
Selon les résultats, la graisse brune de ces rongeurs était hypertrophiée, "avec une taille accrue des gouttelettes lipidiques et une surface et une densité des mitochondries préservées." Le maintien de la température corporelle pendant l'exposition au froid était compromis chez les souris n’ayant pas les enzymes ATGL et HSL fonctionnelles à l'état de jeûne mais pas lors de la période d'alimentation. "La tomographie par émission de positons montre que l'activité oxydative du tissu adipeux brun induite par le froid est fortement réduite et que le métabolisme de l'acide gras est altéré chez les animaux créés", peut-on lire dans l’étude.
Perte de poids : "des molécules" pour "activer" la production de chaleur par la graisse brune
Ainsi, les données montrent que la lipolyse intracellulaire, c’est-à-dire la dégradation des graisses du tissu brun, est nécessaire à la production de chaleur par ce tissu. "Développer des molécules qui permettent d’activer cette voie est une piste pour brûler les graisses et permettre une perte de poids, une perspective d’intérêt pour lutter contre l’obésité et ses complications", a indiqué Etienne Mouisel, maitre de conférences à l’université de Toulouse III – Paul Sabatier et auteur principal des recherches.