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Perte de poids

Les médicaments amaigrissants mettent-ils les muscles en péril ?

Par Stanislas Deve

Les médicaments pour perdre du poids comme l'Ozempic provoqueraient une diminution des muscles squelettiques mais aussi du muscle cardiaque, avec un risque pour la santé, selon des chercheurs.

Lyubov Kulikova / istock
Des chercheurs ont mis en lumière une perte musculaire notable chez les utilisateurs de sémaglutide, observée d’abord chez des souris, puis confirmée sur des cellules cardiaques humaines. Cette perte concerne non seulement les muscles squelettiques (diminution de 8,2 % de la masse musculaire), mais aussi le cœur.
Jusqu’à 40 % du poids perdu grâce à ces médicaments proviendrait des muscles. Or, la perte musculaire peut entraîner de graves problèmes de santé : baisse de l’immunité, risque accru d’infections, mauvaise cicatrisation et gestion de la glycémie...
Pour minimiser les risques, les chercheurs recommandent une combinaison de nutrition riche en protéines et d'exercices de renforcement musculaire.

Des médicaments comme l’Ozempic ou le Wegovy, basés sur le sémaglutide et conçus à l’origine pour traiter le diabète de type 2, ont récemment gagné en popularité comme solutions pour perdre du poids. Mais une nouvelle étude, publiée dans le Journal of the American College of Cardiology, alerte sur des effets secondaires potentiellement inquiétants : la diminution des muscles, y compris du muscle cardiaque. Une découverte qui incite à reconsidérer les risques liés à leur utilisation hors prescription initiale.

Perdre du poids… mais aussi de la force

Les chercheurs de l’Université de l’Alberta, au Canada, a mis en lumière une perte musculaire notable chez les utilisateurs de sémaglutide, observée d’abord chez des souris, puis confirmée sur des cellules cardiaques humaines. Cette perte concerne non seulement les muscles squelettiques (diminution de 8,2 % de la masse musculaire), mais aussi le cœur. Bien que les scientifiques n’aient pas détecté d’impact fonctionnel immédiat sur le cœur des souris, ils avertissent que des effets délétères pourraient survenir à plus long terme ou en cas de stress cardiaque. "Il est urgent d’évaluer plus attentivement les effets sur la structure et la fonction cardiaques dans les études cliniques", peut-on lire dans un communiqué.

Citant d’autres essais, les chercheurs ont observé que jusqu’à 40 % du poids perdu grâce à ces médicaments proviendrait des muscles – un taux alarmant comparé aux régimes traditionnels ou au vieillissement naturel. Or, on sait que la perte musculaire peut entraîner de graves problèmes de santé : baisse de l’immunité, risque accru d’infections, mauvaise cicatrisation et gestion de la glycémie... "Les muscles ne servent pas qu’à bouger ou à porter des objets lourds, expliquent les scientifiques. Ils jouent un rôle essentiel dans le maintien de la santé globale." Ils libèrent par exemple des molécules spécifiques qui renforcent le système immunitaire et soutiennent les processus de réparation du corps.

Préserver les muscles pendant un traitement

Pour limiter les effets néfastes de ces médicaments, les experts recommandent une approche combinant nutrition et activité physique. Une alimentation riche en protéines, en vitamines et en nutriments essentiels est cruciale, tout comme la pratique régulière d’exercices en résistance, comme le renforcement musculaire. Ces stratégies permettent de minimiser la fonte musculaire et d’optimiser les bienfaits des traitements. "Perdre du poids ne doit pas se faire au détriment de la santé musculaire", rappellent les auteurs.

A noter que ce n’est pas la première étude à pointer du doigt certains effets secondaires délétères des médicaments amaigrissants. Récemment, des chercheurs ont notamment mis en évidence un potentiel lien entre le sémaglutide et la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique, une maladie oculaire rare qui provoque la cécité d’un œil.