Les chiffres témoignent d’une avancée majeure. Les nouvelles infections par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) sont tombées en 2023 à leur plus bas niveau historique "depuis la fin des années 1980", pic de l’épidémie de sida. D’après le bilan annuel publié mardi par l’agence Onusida, en charge de la maladie au sein des Nations Unies, entre 1 et 1,7 million de cas ont été recensés l’an dernier, un recul marqué par rapport aux décennies précédentes. Les décès liés au VIH – causés par des maladies opportunistes contre lesquelles l’organisme ne peut plus se défendre – ont également diminué, atteignant environ 600.000 morts, soit une baisse de 40 % depuis leur pic il y a une vingtaine d’années.
Des progrès inégaux selon les pays
Ces résultats encourageants, publiés quelques jours avant la Journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre, sont en grande partie dus à des avancées en Afrique subsaharienne, une région historiquement très touchée par l’épidémie. Cependant, d'autres zones, comme l'Europe de l'Est et le Moyen-Orient, enregistrent une recrudescence des infections. Au total, 28 pays enregistrent une hausse des contaminations. Si la lutte contre le VIH progresse, elle est donc loin d’être homogène à l’échelle mondiale.
La prophylaxie pré-exposition (PrEP) s’impose comme une stratégie clé dans la prévention du VIH. Ce traitement, pris par des personnes non infectées mais à risque, réduit significativement les probabilités de contracter le virus. En France, les recommandations récentes préconisent d’élargir son accès au-delà des hommes ayant des relations homosexuelles, pour inclure toute personne exposée à un risque. Mais malgré son efficacité, la PrEP reste sous-utilisée : en 2023, seulement 15 % des individus qui en auraient besoin y avaient accès, d’après Onusida. Cette situation est exacerbée dans des certains pays (comme l’Ouganda) où des lois répressives, notamment anti-LGBT, dissuadent les populations vulnérables de demander ces traitements.
Eradiquer l’épidémie de sida d’ici 2030
Les antirétroviraux, qui permettent aux personnes infectées de vivre avec le VIH, continuent d’être une arme essentielle. Cependant, environ un quart des patients dans le monde, soit 10 millions de personnes, n’y ont toujours pas accès, en raison de contraintes financières et logistiques, notamment dans les pays à faible revenu. On est donc encore loin de l’objectif de l’ONU d’éradiquer presque totalement l’épidémie d’ici 2030. En guise de solution, l’Onusida invite les responsables politiques à renforcer les infrastructures de santé, à réduire le coût des médicaments et à lever les obstacles sociaux et légaux.
En France, 5.500 personnes ont découvert qu’elles étaient porteuses du VIH en 2023, selon les dernières estimations de Santé publique France. Ce chiffre ne recule plus depuis plusieurs années, ce qui est préoccupant, tout comme le fait que 40 % des infections au VIH sont découvertes à un stade tardif. En moyenne, il s’écoule presque deux ans entre la contamination et le diagnostic en France. Dans le pays, plus de 10.000 personnes ignoreraient leur séropositivité.