Faible en sucres et naturellement fermentés, les kéfirs de fruits et les kombuchas ont le vent en poupe depuis quelques années. La raison ? Ces boissons seraient bénéfiques pour la santé intestinale. Mais, contrairement à ce que l’on peut penser, ces breuvages renferment de l’alcool. "C’est inévitable, si l’on suit la vraie recette", a déclaré, à l’association UFC-Que Choisir, Nicolas Pradignac, fondateur de la start-up Symbiose, qui produit des kéfirs de fruits. En effet, la fermentation du sucre par des levures entraîne systématiquement la production d’éthanol. C’est le cas dans la fabrication de bière ou de vin.
Kombucha, kéfir : "La moitié des références en magasin n’indiquaient rien concernant l’alcool"
Problème : les consommateurs ne sont pas au courant de cette présence d’alcool dans les kéfirs et les kombuchas, car ce n’est pas stipulé sur les étiquettes, d’après l’UFC-Que Choisir. "La moitié des références que nous avons trouvées en magasin n’indiquaient donc rien concernant l’alcool, et l’autre moitié ne mentionnait ce dernier qu’en tout petits caractères. Seule la marque de kombuchas Germline a pris l’initiative, louable, de faire figurer un pictogramme d’alerte à destination des femmes enceintes sur sa bouteille. L’entreprise Labo Dumoulin, à l’inverse, tait non seulement la présence d’alcool, mais affirme même en gros caractères, sur ses étiquettes, que ses kéfirs sont 'des alliés du quotidien pour tous, petits et grands'", peut-on lire dans le communiqué.
Interrogé par l’association, Christophe Lavelle, chercheur spécialisé dans l’alimentation au Muséum national d’histoire naturelle, a précisé que "la plupart des produits actuellement sur le marché", dont ces boissons fermentées "se limitent à un demi-degré". Ainsi, les fabricants ne sont pas forcés d’indiquer la présence d’alcool, car selon la réglementation européenne, l’affichage est obligatoire "en cas de taux inférieur à 1,2°".
La présence d’alcool dans les kéfirs et les kombuchas est risquée pour les populations sensibles
Cependant, la présence d’alcool non déclarée dans les kéfirs et les kombuchas n’est pas sans risques pour la santé des populations sensibles. "Les femmes enceintes, enfants, ou par toute autre personne présentant des contre-indications. (…) Récemment, une personne anciennement alcoolodépendante m’a raconté avoir ressenti les symptômes associés à la consommation d’alcool, après avoir bu du kombucha. En l’absence d’information, il y a donc un risque de réveiller l’envie de boire chez ces personnes", a expliqué, à l’UFC-Que Choisir, Mickaël Naassila, directeur du Groupe de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendances, à l’Inserm.