Une injection semestrielle de Lenacapavir pourrait surpasser les traitements actuels pour prévenir le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) en réduisant le risque de 96 %, selon une équipe de médecins de l'Université Emory, aux Etats-Unis. Cette avancée prometteuse, publiée dans le New England Journal of Medicine à l'aube de la Journée mondiale de lutte contre le sida le 1er décembre, pourrait bien révolutionner l’observance et l’efficacité de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), en particulier pour les populations les plus touchées par le virus.
La PrEP orale quotidienne, un traitement efficace mais contraignant
Les antirétroviraux oraux, comme le Truvada, sont extrêmement efficaces pour prévenir le VIH, mais leur succès repose sur une prise quotidienne rigoureuse et des visites médicales régulières. Or, près de la moitié des utilisateurs abandonnent ce traitement dans l'année, souvent en raison de difficultés d'accès aux soins ou par manque d’adhésion.
L’étude clinique, menée sur 3.265 participants répartis dans 88 sites à travers le monde (États-Unis, Amérique latine, Afrique du Sud, Thaïlande), a comparé l’efficacité du Lenacapavir injectable (une fois tous les six mois) et du Truvada oral (pris quotidiennement). Les résultats sont frappants : seulement 2 cas d’infection par le VIH ont été recensés parmi les participants sous Lenacapavir, contre 9 dans le groupe sous Truvada. "Cette injection, presque efficace à 100 %, représente une avancée médicale significative, notamment pour ceux qui peinent à suivre un traitement quotidien", notent les chercheurs dans un communiqué.
Un impact majeur pour les populations vulnérables
Fait important, la recherche a inclus une large diversité de participants, notamment des hommes cisgenres et des personnes issues de communautés souvent marginalisées par les systèmes de santé américains. Ces populations, surreprésentées dans les nouvelles infections (50 % concerneraient des hommes homosexuels cisgenres et 70 % des individus noirs ou hispaniques en 2022), sont aussi celles qui bénéficieraient le plus de cette innovation.
Le Lenacapavir, à prendre seulement deux fois par an, pourrait donc changer la donne dans la lutte contre l’épidémie de VIH, en particulier pour les personnes confrontées à des inégalités en matière de santé. Les chercheurs attendent maintenant son approbation par la Food and Drug Administration, le gendarme de la santé américain, espérée d’ici 2025.