En France, 9,3 millions de personnes, dont 500.000 mineurs, aident quotidiennement un proche en perte d’autonomie ou en situation de handicap. Peu d’entre eux remettent en question leur soutien vu comme un geste allant de soi.
Toutefois, une étude de l’université de Zurich (UZH) montre que plus les personnes passent du temps à s'occuper de leur proche malade, plus leur bien-être en souffre, quel que soit le contexte des soins. La découverte est détaillée dans un article publié le 25 novembre 2024 dans la revue Psychological Science.
Les aidants oublient leur propre bien-être
Pour déterminer l’impact sur la santé mentale de se consacrer à aider un proche en difficulté, les chercheurs ont interrogé 28.663 aidants venant des Pays-Bas, d’Allemagne et d’Australie. Les questionnaires évaluaient entre autres leur satisfaction de la vie et leur santé mentale.
"Les résultats de nos analyses ont montré une baisse du bien-être dans les années qui ont suivi le début des soins", explique le co-auteur Michael Krämer du département de psychologie de l'UZH dans un communiqué. "Ces reculs étaient cohérents dans différents aspects du bien-être – satisfaction de la vie, expériences émotionnelles, dépression/anxiété et solitude – et étaient plus prononcées et plus durables pour les femmes que pour les hommes." Ces dernières étaient, en effet, plus nombreuses à confier ressentir de la solitude et de l’anxiété.
En se concentrant sur le temps passé à prendre soin du proche malade, les scientifiques ont découvert que plus les gens se consacraient à des tâches de soins, plus leur bien-être en souffrait, quel que soit leur sexe.
L’équipe a également examiné l’impact de facteurs comme l'intensité des soins, la relation entre les aidants et les bénéficiaires ou l'emploi à temps plein. “Étonnamment, ces facteurs ont eu peu d'influence sur le déclin global du bien-être, ce qui suggère que les soignants sont confrontés à des défis similaires dans différents contextes”, notent les auteurs dans leur communiqué.
Il faut améliorer l’accès aux soins pour aider les aidants
Les chercheurs précisent que leurs résultats ne s’appliquent pas à tous, car les expériences restent après tout des expériences individuelles. Ainsi certains aidants peuvent tirer du plaisir à cette expérience appréciant par exemple d’avoir un but.
Mais pour l’équipe, ces travaux confirment que soutenir un proche malade est dans l’ensemble éprouvant pour les aidants.
"Les femmes semblent être particulièrement vulnérables, probablement parce qu'elles ont tendance à assumer des responsabilités plus intensives pour les membres de la famille proche", ajoutent les chercheurs.
Ainsi, pour eux, leurs résultats soulignent "la nécessité de politiques qui réduisent la dépendance aux soins informels, telles que l'amélioration de l'accès aux soins de longue durée professionnels ou des solutions de soins mixtes qui pourraient atténuer les effets négatifs sur les aidants".