Tous les médicaments ne sont pas bons à prendre. Certains ont des effets secondaires trop importants, d’autres ne sont plus assez efficaces en comparaison aux nouveaux traitements disponibles ou d’autres encore ont une efficacité moindre. Chaque année la revue Prescrire réalise une analyse des traitements autorisés en France et dans l’Union européenne. Elle vient de publier son compte-rendu pour 2025, avec 106 médicaments à éviter selon elle, dont 88 sont commercialisés en France.
Comment la revue Prescrire évalue-t-elle les médicaments ?
"Ce bilan recense de manière documentée des médicaments plus dangereux qu’utiles, avec pour objectif d’aider à choisir des soins de qualité, de ne pas nuire aux patients et d’éviter des dommages disproportionnés", précise la revue en préambule. Pour le réaliser, elle suit une procédure rigoureuse : prise en compte des effets indésirables, analyse des résultats en fonction de l’efficacité, hiérarchisation des données en fonction du niveau de preuve, etc. Les 106 médicaments cités parmi ceux à éviter sont soit des traitements avec une efficacité démontrée mais qui, compte tenu de la situation clinique, exposent à des risques disproportionnés par rapport aux bénéfices qu’ils apportent ; des médicaments anciens dont l’utilisation est dépassée, car d’autres médicaments plus récents ont une balance bénéfices-risques plus favorable ; des médicaments récents, dont la balance bénéfices-risques s’avère moins favorable que celle de médicaments plus anciens ou de médicaments dont l’efficacité n’est pas prouvée au-delà de celle d’un placebo, et qui exposent à des effets indésirables particulièrement graves.
Bilan Prescrire : de nombreux médicaments contre la toux et les maux de gorge
Sur la liste de Prescrire, les médicaments sont classés par catégorie. En ce qui concerne le traitement de la toux, des maux de gorge et des rhumes, elle écarte de nombreux produits. "Divers médicaments utilisés pour soulager une toux, parfois gênante mais bénigne, exposent à des effets indésirables disproportionnés", précise-t-elle. Elle déconseille ainsi la pentoxyvérine (Pentoxyvérine Clarix 0,15 %), l’oxomémazine (Toplexil ou autre), l’ambroxol (Muxol ou autre) et la bromhexine (Bisolvon). "Quand un médicament semble nécessaire pour soulager les maux de gorge en complément de mesures autres que médicamenteuses telles que boire de l’eau ou sucer des confiseries, le paracétamol, en maîtrisant sa posologie, est la meilleure option", indique Prescrire. L’alpha-amylase (Maxilase ou autre) n’a pas d’effet supérieur à ceux d’un placebo et peut provoquer des réactions allergiques.
Plomb : les argiles médicamenteuses doivent être écartées
Dans son bilan, Prescrire cible également des médicaments utilisés en cas de troubles gastro-entérologiques. "Les argiles médicamenteuses utilisées dans divers troubles intestinaux dont les diarrhées, les brûlures gastriques ou les reflux gastro-œsophagiens, sont à écarter en raison de leur pollution naturelle par le plomb", alerte-t-elle. Elle cite la diosmectite (Smecta ou autre), l’hydro talcite (Rennieliquo), la montmorillonite beidellitique alias monmectite (Bedelix, et en association dans Gelox) et le kaolin (en association dans Gastropax). "Le plomb a des effets toxiques neurologiques, hématologiques, rénaux et cardiovasculaires, et des effets reprotoxiques, dont la plupart augmentent avec la dose d’exposition", alerte Prescrire.
Spasfon : que recommande la revue Prescrire ?
Le Spasfon, nom commercial du médicament à base de phloroglucinol, a été analysé les équipes de Prescrire : Au total, une vingtaine de rapports et synthèses ont été étudiés par les auteurs. "Son efficacité symptomatique sur les troubles intestinaux bénins récurrents est incertaine. Dans les autres situations cliniques, il n’y a rien à attendre du phloroglucinol au-delà de l’efficacité d’un placebo. Chez les femmes enceintes ou qui pourraient le devenir, il est à écarter quelle que soit la situation clinique, alertent ces experts. II est prudent de déconseiller sa prise en automédication, banalisée en France."