Agressivité, violence, impulsivité : l’alcool peut changer le comportement de celles et ceux qui le consomment. Des chercheurs de l’université de l’Ohio ont découvert pourquoi. Ils l’expliquent dans une étude parue dans la revue spécialisée Journal of Studies on Alcohol and Drugs. "La capacité de l’alcool à augmenter le seuil de douleur des personnes est l’une des raisons pour lesquelles la consommation d’alcool conduit également à un comportement plus agressif", indiquent-ils.
Des chocs électriques pour tester les effets de l’alcool sur l’agressivité
Pour parvenir à cette conclusion, ils ont réalisé deux expériences, l’une avec 543 participants et l’autre avec 327 participants. Tous avaient une consommation estimée de 3 à 4 boissons alcoolisées par occasion, au moins une fois par mois. "Ils ont été recrutés par le biais d’annonces dans les journaux et payés 75 $, précisent les auteurs. Les méthodes des deux expériences étaient identiques."
Au cours de celles-ci, les participants devaient boire une boisson en vingt minutes, sans savoir s’il s’agissait d’un breuvage alcoolisé ou d’un placebo. "Pour les boissons placebo, les chercheurs ont mis une petite quantité d’alcool sur le dessus du jus d’orange et ont vaporisé le bord du verre avec de l’alcool pour qu’il ait le goût d’une boisson alcoolisée", indiquent les auteurs. Ensuite, les scientifiques ont envoyé des chocs électriques d’une durée d’une seconde sur deux doigts d’une main. L’intensité des chocs a augmenté progressivement, jusqu’à ce que les participants déclarent que c’était douloureux. Cela a permis aux scientifiques d’établir un seuil de douleur.
L’alcool augmente la tolérance à la douleur pour soi et pour les autres
Dans une deuxième partie de l’étude, les participants ont réalisé une activité en ligne : il s’agissait d’un jeu de réactivité où le gagnant pouvait administrer une décharge au perdant, en choisissant l’intensité et la durée. "En réalité, il n’y avait pas d’adversaire et les chercheurs ont déclaré au hasard le participant 'gagnant' dans la moitié des cas", soulignent les auteurs. Les résultats montrent que pour ceux qui buvaient de l’alcool, le seuil de douleur était plus élevé. Plus leur tolérance à la douleur physique était grande, plus leur niveau d’agressivité, en termes d’intensité et de durée des décharges qu’ils étaient prêts à administrer à l’adversaire, était élevé. "Ceux qui buvaient les boissons placebo n’étaient pas aussi agressifs dans leur réponse, en partie parce que leur seuil de douleur était généralement plus bas que ceux qui buvaient de l’alcool, commente Brad Bushman, professeur à l’université de l’Ohio. En d’autres termes, ils étaient toujours capables de ressentir leur propre douleur et ne voulaient pas infliger de douleur aux autres."
Plus la consommation d’alcool est élevée plus la tolérance à la douleur augmente ?
Le spécialiste précise que les concentrations d’alcool dans le sang des participants étaient légèrement supérieures à la limite légale dans les États américains. "Les effets de l’alcool sur la tolérance à la douleur peuvent être plus élevés chez ceux qui boivent plus que ce qu’ils ont fait dans ces expériences, estime-t-il. Cela peut les rendre encore plus susceptibles d'être agressifs envers les autres."