- Alors que les séances d’ostéopathie pour les bébés ont le vent en poupe, l’Académie de médecine signale que l’efficacité et la sécurité de ces pratiques ne sont pas démontrées scientifiquement.
- L’institution appelle donc à éviter des annonces publicitaires dans les maternités et à mieux surveiller les effets indésirables de ces pratiques chez les nourrissons.
- Pour rappel, le décret du 25 mars 2007 interdit aux "non-médecins" de manipuler les enfants de moins de 6 mois, sauf s’ils disposent d’un certificat médical.
Sur les réseaux sociaux, des annonces publicitaires dans les maternités, dans des cabinets médicaux ou des centres de PMI, l’ostéopathie pour les bébés, qui n’est pas remboursée par l’Assurance Maladie, est de plus en plus mise en avant. Ces pratiques coûteuses, qualifiées de "viscérales et crâniennes", sont proposées et présentées aux parents comme bénéfiques pour soulager des "symptômes banals", tels que des tétées difficiles, des pleurs nocturnes, une constipation, des coliques, un ballonnement, un ronflement, une anxiété ou des otites. "On leur fait croire qu’ils risquent de passer à côté de quelque chose, que leur enfant peut avoir des problèmes s’ils ne se rendent pas chez un ostéopathe", avait déclaré, au Figaro, Pascale Mathieu, présidente de l’Ordre national des masseurs-kinésithérapeutes.
L’ostéopathie pour les bébés, une pratique "sans fondement scientifique avéré"
Problème : "les arguments employés, destinés à justifier ces pratiques, reposent sur des affirmations non ou trop peu étayées par des études conformes aux normes en vigueur et par des évaluations objectives et scientifiques de leur efficacité et leur sécurité", d’après l’Académie de médecine. Face à ce constat, elle appelle l’attention des autorités sanitaires et des professionnels de santé sur l’application aux nouveau-nés de ces pratiques d’ostéopathie, "sans fondement scientifique avéré", et d’efficacité et de sécurité "non démontrées".
L’institution invite aussi à une évaluation objective de ces pratiques au regard des revendications formulées. Elle "souhaite, à l’instar des recommandations de l’Inspection générale des affaires sociales dans son rapport de 2021, que la qualité de la formation à ces pratiques, dispensée par les établissements de formation en ostéopathie agréés en 2021, soit renforcée et évaluée de façon objective par des spécialistes médicaux et chirurgicaux de la périnatalité et qu’une surveillance des effets indésirables des pratiques d’ostéopathie chez le nouveau-né soit mise en place, afin de renforcer la sécurité des soins aux nouveau-nés". Enfin, elle dénonce les annonces publicitaires faisant la promotion de ces pratiques d’ostéopathie chez les bébés au sein des maternités.
Les "non-médecins" ne peuvent pas manipuler les bébés de moins de 6 mois sans certificat médical
"Laissons les bébés grandir tranquillement, arrêtons de surmédicaliser des enfants en bonne santé avec des pratiques qui n’ont pas fait leurs preuves", a souligné Pascale Mathieu. Pour rappel, l’ostéopathie n’est pas une discipline médicale. Le ministère de la Santé précise que le principe de cette méthode "est de prévenir ou remédier à des troubles fonctionnels du corps humain à l’exclusion des pathologies organiques qui nécessitent une intervention thérapeutique, médicale, chirurgicale, médicamenteuse ou par agents physiques. Seules les manipulations musculo-squelettiques et myofasciales, exclusivement manuelles, externes et non forcées sont autorisées par le décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et conditions d’exercice de l’ostéopathie." D’ailleurs, ce décret interdit aux "non-médecins" toute manipulation des nourrissons de moins de six mois et les manipulations des cervicales sans certificat médical, selon la Fédération des Médecins de France.