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Démence : la perte musculaire, un facteur de risque ?

Par Geneviève Andrianaly

Une plus petite somme des surfaces transversales des muscles temporaux bilatéraux est liée à un risque plus élevé d'incidence de la démence de type Alzheimer.

Halfpoint/iStock
L’épaisseur et la surface du muscle temporal, situé dans la tête et sert à faire bouger la mâchoire inférieure, permettent de mesurer la perte des muscles squelettiques.
Chez les personnes âgées ayant une petite surface temporale, le risque de démence, plus précisément de maladie d’Alzheimer, est plus élevé de 60 %.
Une plus petite somme des surfaces transversales des muscles temporaux bilatéraux provoque aussi une baisse plus importante du score composite de la mémoire, du score du questionnaire sur l'activité fonctionnelle et des volumes cérébraux structurels.

Reliés aux os, les muscles squelettiques, qui permettent une grande variété de mouvements, représentent environ un tiers de la masse corporelle totale d'une personne. En vieillissant, les adultes commencent à en perdre. Cela est notamment observé chez les seniors atteints de la maladie d’Alzheimer. Dans une récente étude, des chercheurs de l'université Johns Hopkins à Baltimore (États-Unis) ont voulu déterminer si la perte du muscle temporal était associée à un risque accru de démence chez les personnes âgées. Selon de précédentes recherches, l’épaisseur et la surface du muscle temporal, qui est situé dans la tête et sert à faire bouger la mâchoire inférieure, peuvent être un indicateur de la perte musculaire dans l'ensemble du corps.

Démence : 60 % de risques chez "les personnes âgées dont les muscles squelettiques sont plus petits"

Pour les besoins des travaux, les scientifiques américains ont analysé des scanners cérébraux afin de quantifier la perte musculaire chez 621 adultes, âgés en moyenne de 77 ans, non atteints de démence. L’équipe a segmenté manuellement les muscles temporaux bilatéraux sur les images IRM et a calculé la somme des surfaces transversales de ces muscles. Les participants ont été classés en deux groupes distincts : les muscles de grande surface et les muscles de petite surface. Au cours du suivi d’environ cinq ans, l'incidence ultérieure de la démence, l'évolution des scores cognitifs et fonctionnels ainsi que les changements de volume cérébral entre les groupes ont été examinés.

D'après les résultats, présentés lors du congrès annuel de la Radiological Society of North America (RSNA), une plus petite somme des surfaces transversales des muscles temporaux bilatéraux était associée à un risque plus élevé d'incidence de la démence, plus précisément de maladie d’Alzheimer. En outre, une petite surface temporale est liée à une diminution plus importante du score composite de la mémoire, du score du questionnaire sur l'activité fonctionnelle et des volumes cérébraux structurels. "Nous avons constaté que les personnes âgées dont les muscles squelettiques sont plus petits sont environ 60 % plus susceptibles de développer une démence après avoir tenu compte d'autres facteurs de risque connus", a ajouté Marilyn Albert, docteur en neurologie et co-auteure de l'étude.

La mesure de l’épaisseur et la surface du muscle temporal, un indicateur de l'état général des muscles

Face à ces données, les auteurs ont souligné que ce changement musculaire pouvait être analysé lors d’une IRM cérébrale conventionnelle, même lorsqu'elle est réalisée à d'autres fins, sans entraîner de coûts ou de charges supplémentaires. "Des interventions, comme l'activité physique, l'entraînement à la résistance et le soutien nutritionnel, pourraient contribuer à prévenir ou à ralentir la perte musculaire et, par conséquent, à réduire le risque de déclin cognitif et de démence", a déclaré Shadpour Demehri, qui a participé aux travaux.