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Santé et environnement

Les 5 facteurs environnementaux à améliorer en ville pour protéger notre santé, selon SPF

Par Alexandra Wargny Drieghe

Il faut agir sur les espaces verts, les mobilités actives, la chaleur, la pollution de l’air et le bruit pour protéger la santé des populations urbaines actuelles et futures, en renforçant “les politiques publiques”, insiste Santé publique France. 

thehague/Istock
Une étude pilote menée par SPF entre 2015 et 2019 en collaboration avec les métropoles de Lille, Rouen et Montpellier, étudie l’impact de certains facteurs environnementaux en ville sur la santé humaine.
Le rapport montre notamment que l’augmentation de la mobilité active (à savoir la marche et le vélo pour les déplacements courts), la végétalisation des quartiers ou encore la diminution de la pollution sonore permettent de diminuer les taux de mortalité des habitants.
“Les résultats de cette étude mettent en évidence l’importance et la nécessité de renforcer les politiques publiques visant à réduire la pollution atmosphérique et le bruit lié aux transports”, conclut le rapport.

Quels sont les bénéfices sanitaires associés au développement des espaces verts urbains, des mobilités actives, ainsi qu’à la réduction de l’exposition de la population à la pollution de l’air, au bruit des transports et la chaleur ? Santé publique France tente d’y répondre grâce à une vaste étude pilote menée en collaboration avec trois métropoles : la Métropole européenne de Lille (MEL), Montpellier Méditerranée Métropole (3M) et la Métropole Rouen Normandie (MRN). “Cette étude confirme que des actions ambitieuses sur chacun de ces déterminants environnementaux se traduisaient par des impacts positifs sur la santé”, affirme en préambule du rapport l’agence gouvernementale.

Déplacements urbains : favoriser la marche et le vélo pour réduire la mortalité

Dans le cadre de cette analyse, Santé publique France a utilisé la méthode des évaluations quantitatives des impacts de l’environnement sur la santé. Cela s’appuie sur un principe simple : “si l’on sait qu’un environnement défavorable cause des problèmes de santé et des décès, on peut quantifier les problèmes de santé et les décès qui seraient évités en améliorant cet environnement”, explique l’organisme. Et c’est ce qu’ont fait les équipes dans les trois métropoles, entre 2015 et 2019. Les impacts ont été estimés pour 1,14 million d’habitants de la MEL, 465.000 habitants de la 3M et 490.000 habitants de la MRN.

Cette EQIS [Évaluation quantitative d’impact sur la santé, ndlr] s’intéresse pour la première fois à d’autres déterminants environnementaux que la pollution de l’air, comme la présence d’espaces verts, le bruit des transports ou l’activité physique induite par les mobilités actives, précise la Dr Caroline Semaille, Directrice générale de Santé publique France. La voiture demeure encore très utilisée, même pour les trajets très courts ; si 90 % des déplacements de moins de 1 km étaient réalisés en marchant, on pourrait éviter entre 2 et 3 % de la mortalité, soit entre 100 et 200 décès par an selon la métropole.

Plus précisément, l’étude montre que c’est une baisse de la mortalité de 3,4 % pour les métropoles de Lille et Rouen et 2,1 % pour celle de Montpellier. Ce n’est pas tout, faire 10 minutes de vélo par jour permettrait d’éviter 5,7 % de la mortalité dans les trois métropoles.

Si l’augmentation de la mobilité active est un premier point indispensable pour lutter contre le changement climatique, protéger la biodiversité et améliorer la santé des populations, c’est également le cas lorsque les quartiers sont plus végétalisés. Ainsi, “les quartiers les plus verts de la métropole [de Lille] permettraient d’y éviter près de 360 décès chaque année”, indique le rapport. C’est près de 300 pour la MRN et 115 pour la 3M.

L’exposition des Hommes à des températures élevées a également des conséquences directes sur la santé, pouvant augmenter le risque de décès. “Entre 2015 et 2017, la chaleur estivale a été responsable d’environ 35 décès en moyenne chaque année dans la 3M”, précise le document. C’est 90 décès en moyenne chaque année dans la MEL et 50 dans la MRN.

Améliorer la qualité de l’air en réduisant la pollution aux particules fines et au NO2

Sans surprise -car de nombreuses études, comme celle-ci, montrent que la pollution de l’air favorise un bon nombre de troubles de la santé- améliorer la qualité de l’air ambiant des métropoles en réduisant le niveau des particules fines de diamètre inférieur à 2,5 µm à 5 µg/m&³3; (comme le préconise l’OMS), permettrait d’éviter :

  1. 970 décès et 160 accidents vasculaires cérébraux (AVC) par an dans la MEL ;
  2. 310 décès et 44 AVC par an dans la MRN ;
  3. 260 décès et 42 AVC par an dans la 3M.

Actuellement, les niveaux annuels de particules fines dans ces trois métropoles sont compris entre 9,8 µg/m&³3; (MRN), et 13,9 µg/m&³3; (MEL).

Autre polluant non négligeable : le dioxyde d’azote (NO2). Diminuer les concentrations atmosphériques à 10 µg/m&³3; permettrait non seulement de réduire le nombre de décès chaque année, mais également les nouveaux cas d’asthme chez les enfants. Pendant la période d’étude, les habitants de MRN étaient exposés en moyenne à 13,1 µg/m&³3; de dioxyde d’azote, ceux de la 3M à 11,7 µg/m&³3; et ceux de la MEL à pas moins de 20,9 µg/m&³3; !

“Le bruit excessif des transports affecte la santé physique et mentale”

Enfin, on l’oublie peut-être parfois, mais le bruit a aussi un impact significatif sur la santé humaine, notamment le bruit des transports. Trois études publiées en cette fin d’année -pour ne citer qu’elles- ont notamment montré que : le bruit de la circulation augmente le stress et l'anxiété, le bruit des avions la nuit perturbe les cycles éveil-sommeil et que la pollution sonore en ville a des effets néfastes sur la santé cardiovasculaire, augmentant les risques d’apparition précoce d’infarctus du myocarde chez les jeunes présentant de faibles facteurs de risque traditionnels.

Dans ce rapport, Santé publique France affirme qu’en respectant les recommandations de l’OMS pour le bruit routier, à savoir ne pas dépasser les valeurs limites de 44 décibels la nuit et 53 dB en journée, on pourrait éviter 85 hospitalisations pour maladies cardiovasculaires chaque année dans la MEL, 22 dans la MRN et 40 dans la 3M. En tout, cela pourrait améliorer le sommeil de 156.000 personnes pour ces trois métropoles.

Les résultats de cette étude mettent en évidence l’importance et la nécessité de renforcer les politiques publiques visant à réduire la pollution atmosphérique et le bruit lié aux transports, conclut le rapport. Ils soulignent également la nécessité de promouvoir des aménagements urbains favorables à la santé, en intégrant de la végétation dans les zones habitées, en encourageant les mobilités actives, et en adaptant les espaces au changement climatique et à la gestion de la chaleur.