- Une nouvelle étude révèle que les personnes combinant cigarette électronique et tabac classique ("doubles utilisateurs") ont moins de chances de se sevrer de la nicotine que les fumeurs ou vapoteurs exclusifs.
- Après 24 mois, seuls 13 % des doubles utilisateurs arrêtent la nicotine, contre 26 % des vapoteurs. Pire, 58 % des doubles utilisateurs reviennent au tabagisme exclusif.
- Bien que la cigarette électronique soit perçue comme une alternative moins nocive, "on ignore encore beaucoup de choses sur ses effets à long terme sur la santé". L’OMS appelle à la prudence, en attendant des études plus approfondies.
Peut-on vraiment arrêter de fumer en combinant cigarette électronique et tabac classique ? Une nouvelle étude, publiée dans la revue ERJ Open Research, soulève des doutes sur l’efficacité de cette "double consommation" pour le sevrage tabagique. Contrairement à l’idée répandue selon laquelle vapoter et fumer simultanément pourrait faciliter l’arrêt complet, les données dressent un tableau bien moins encourageant.
58 % des doubles utilisateurs reviennent au tabagisme exclusif
"Largement commercialisées en tant qu’alternatives plus saines au tabagisme traditionnel, les cigarettes électroniques ont gagné en popularité auprès des personnes qui tentent d’arrêter de fumer", observent les chercheurs. Mais le double usage, lui, semble "contre-productif".
En effet, les personnes pratiquant une double consommation sont moins susceptibles d'abandonner la nicotine que les vapoteurs ou les fumeurs exclusifs. Après quatre à huit mois, seuls 3 % des doubles utilisateurs parviennent à se libérer de tout produit nicotiné, contre 8 % des vapoteurs exclusifs et 6 % des fumeurs. Ces chiffres progressent légèrement après 16 à 24 mois, atteignant 13 % pour les doubles utilisateurs, mais restent inférieurs aux 26 % des vapoteurs exclusifs et 17 % des fumeurs qui réussissent sur la même période.
Plus inquiétant encore, la plupart des doubles utilisateurs reviennent à une consommation exclusive de cigarettes classiques. "Après 16 à 24 mois, 58 % des doubles utilisateurs sont revenus au tabagisme exclusif", relève l'étude. Autant de données qui remettent en question l’efficacité perçue de l’e-cigarette lorsqu’elle est utilisée en parallèle avec le tabac.
Prudence face aux promesses de la cigarette électronique
La cigarette électronique, dépourvue de tabac et de substances comme le goudron et le monoxyde de carbone, est a priori moins nocive. Il n’empêche qu’"on ignore encore beaucoup de choses sur les effets à long terme du vapotage sur la santé", selon les scientifiques. De plus, des études préliminaires montrent que le vapotage peut entraîner une dépendance à la nicotine, limitant ainsi les chances d’un sevrage complet.
Malgré l’essor commercial de l’e-cigarette ces dix dernières années, les organisations comme l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les associations restent donc prudentes, refusant d’affirmer que le vapotage est moins risqué que la cigarette, au nom du principe de précaution et dans l'attente d'études faisant consensus.