Les herbicides controversés comme le glyphosate, couramment utilisés dans l’agriculture, sont-ils plus dangereux qu’on ne le croyait ? Alors qu’en 2023, l’Union européenne a renouvelé son autorisation pour dix années supplémentaires, sans que la France ne s’y oppose, une nouvelle étude publiée dans le Journal of Neuroinflammation met en lumière, pour la première fois, un lien troublant entre ce pesticide notoire et des dommages neurologiques durables.
Glyphosate et neuroinflammation
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs de l’Université d’Etat de l’Arizona et du Translational Genomics Research Institute (TGen), aux Etats-Unis, ont exposé des souris au glyphosate pendant 13 semaines. Résultat, elles ont toutes développé une inflammation cérébrale persistante et des symptômes similaires à ceux de maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer. Même après l’arrêt de l’exposition, les effets délétères sur le cerveau, tels que des comportements anxieux et une accélération du déclin cognitif, ont perduré pendant six mois.
Les analyses ont notamment montré qu’un métabolite du glyphosate, l’acide aminométhylphosphonique (AMPA), s’accumule dans les tissus cérébraux, soulignant un potentiel toxique jusque-là sous-estimé. "Notre travail démontre la vulnérabilité du cerveau à cette substance, surtout dans les populations rurales où l’exposition est courante", précisent les scientifiques dans un communiqué. Cette nouvelle étude suggère que même des expositions à faible dose, proches des limites autorisées, pourraient affecter la santé cérébrale.
Un produit omniprésent dans notre environnement
Utilisé massivement depuis les années 1990, en particulier sur des cultures comme le maïs et le soja, le glyphosate est le pesticide le plus vendu dans le monde. En dépit des réglementations qui en limitent les résidus dans les aliments, le glyphosate a été détecté dans l’eau, le sol et même dans l’air. Bien que l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) considère le glyphosate comme sûr à certaines doses, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) l’a classé comme "cancérogène probable".
Les résultats de cette recherche soulèvent des inquiétudes, surtout pour les travailleurs agricoles et les consommateurs exposés indirectement via l’alimentation. Les chercheurs insistent sur la nécessité de réévaluer les normes de sécurité. "Nos travaux doivent inciter à davantage de recherches sur les effets du glyphosate, mais aussi sur d’autres substances omniprésentes susceptibles d’affecter la santé cérébrale."