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Risque génétique

Dépression et maladies cardiovasculaires : un lien insoupçonné chez les femmes ?

Par Stanislas Deve

En analysant les données de quelque 300.000 personnes, des chercheurs ont mis en évidence une corrélation entre le risque génétique de dépression et celui de maladies cardiaques chez les femmes.

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Les femmes ayant un risque génétique accru de dépression sont plus susceptibles de développer des maladies cardiovasculaires, même sans diagnostic de dépression et indépendamment des facteurs de risque classiques comme le surpoids ou l’hypertension.
Les chercheurs soulignent que les femmes sont souvent sous-représentées dans les études cardiovasculaires, entraînant un sous-diagnostic.
Ils recommandent des contrôles cardiaques réguliers pour les femmes, surtout celles avec un historique de dépression, afin d’améliorer leur prise en charge et leur prévention.

Les femmes ayant un risque génétique élevé de dépression seraient également plus susceptibles de développer des maladies cardiovasculaires. C’est la conclusion d’une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université du Queensland, en Australie, et publiée dans le journal Circulation: Genomic and Precision Medicine. Ce lien intrigant, même en l’absence de diagnostic de dépression, souligne une disparité frappante entre les sexes dans le domaine de la santé cardiaque.

Une santé cardiovasculaire négligée chez les femmes

Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont utilisé des prédicteurs génétiques développés à partir de bases de données internationales, notamment celles de 23andMe et de UK BioBank. En analysant les profils génétiques et dossiers médicaux de plus de 300.000 personnes, les scientifiques ont mis en évidence une corrélation entre le risque génétique de dépression et celui de maladies cardiovasculaires chez les femmes. Une association qui persiste indépendamment des facteurs de risque traditionnels comme le surpoids, le tabagisme ou l’hypertension. En revanche, aucun lien similaire n’a été observé chez les hommes.

"Notre étude met en lumière un problème majeur : les femmes sont souvent sous-représentées dans les recherches et essais cliniques sur les maladies cardiaques", expliquent les chercheurs dans un communiqué. Bien que ces maladies soient la première cause de mortalité féminine dans le monde, le diagnostic et le traitement des femmes restent insuffisants, entraînant une prise en charge tardive.

A noter que si les risques cardiovasculaires augmentent chez les femmes après la ménopause, cette étude montre une vulnérabilité persistante quel que soit le stade hormonal. D’où l’urgence d’adopter une approche genrée et personnalisée dans la prévention des maladies cardiovasculaires, selon les auteurs. "Les femmes ayant un historique de dépression, même génétique, devraient bénéficier de contrôles cardiaques réguliers, peu importe leur âge."

Mauvaise santé mentale et crises cardiaques

Ce n’est pas la première étude à mettre en évidence une association entre symptômes dépressifs et problèmes cardiaques. Une recherche de 2020 avait ainsi montré que les personnes dépressives avaient un risque de maladies cardiovasculaires accru de 14 % – en particulier les hommes cette fois. Une autre, plus récente, révélait que les jeunes adultes qui se déclarent déprimés ou en mauvaise santé mentale ont des taux plus élevés de crises cardiaques, d'accidents vasculaires cérébraux et de facteurs de risque de maladies cardiaques par rapport aux autres, sans différence notable entre hommes et femmes.