"La France présente, au sein des pays européens, un des taux de suicide les plus élevés." Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire, publié ce mardi 10 décembre, Santé publique France (SPF) fait le point sur la prévalence des pensées suicidaires et des tentatives de suicide déclarées par les personnes en activité professionnelle en France métropolitaine, ainsi que les raisons qui leur sont attribuées. Toutes les données sont issues des Baromètres de SPF de 2010, 2014, 2017, 2020 et 2021.
Pensées suicidaires : des disparités selon le sexe, l’âge et la profession
Depuis 2010, la prévalence globale des pensées suicidaires parmi les actifs occupés reste modérée (3,6 % en 2010). Cependant, les femmes sont systématiquement plus touchées que les hommes. Par exemple, en 2021, 8,6 % des femmes âgées de 18 à 24 ans se déclaraient concernées, contre 5,8 % des hommes de la même tranche d’âge. Les raisons professionnelles dominent chez les hommes (41 à 46 %), tandis que les femmes évoquent majoritairement des motifs familiaux (42 à 43 %).
Il apparaît également que les jeunes adultes (18-24 ans) sont de plus en plus vulnérables : en 2021, ils représentaient la classe d’âge la plus touchée pour les pensées suicidaires, avec un risque deux à trois fois supérieur aux autres tranches. "Cette étude confirme la forte dégradation de la santé mentale des adultes les plus jeunes observée en population générale depuis la pandémie de Covid-19", note le bulletin de SPF.
Chez les employés, la prévalence atteignait 5,6 % en 2020, un chiffre bien supérieur à celui d’autres catégories professionnelles. Ces disparités s’accentuent dans certains secteurs comme l’hébergement-restauration et l’enseignement, où les prévalences sont particulièrement élevées.
Tentatives de suicide : des pics préoccupants
Les tentatives de suicide, bien que plus rares (prévalence inférieure à 0,5 %), ont connu des pics significatifs en 2014 et chez les jeunes (18-24 ans) en 2020. Les raisons, souvent multiples, demeurent majoritairement familiales et sentimentales.
Les analyses montrent que les jeunes adultes, les personnes isolées (sans conjoint ni enfant) et celles en difficulté financière sont particulièrement à risque. Un mauvais état de santé perçu multiplie également le risque de pensées suicidaires (jusqu’à 9,3 fois dans les cas les plus graves). À l’inverse, vivre en couple ou avec des enfants joue un rôle protecteur.
Ces données soulignent l’importance d’interventions ciblées, notamment auprès des jeunes actifs et des catégories socioprofessionnelles les plus vulnérables. Une approche adaptée pourrait prévenir ces risques et favoriser un meilleur soutien psychologique en milieu professionnel et personnel.