Il ne fait pas partie des facteurs de risque connus du cancer du rein, et pourtant, l’arsenic en serait un. Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Environmental Pollution, l’exposition à ce composant, même à des niveaux faibles, augmente le risque de développer cette maladie. Dans cette étude, les chercheurs se sont concentrés sur de faibles niveaux d’exposition à l’arsenic, c’est-à-dire en dessous du seuil réglementaire de 10 µg/l.
Une limite imparfaite des niveaux d’arsenic pour limiter les risques de cancer du rein
"La limite actuellement recommandée pour l’arsenic dans l’eau de boisson est de 10 μg/l, bien que cette valeur ait été désignée comme provisoire en raison des difficultés pratiques que pose l’élimination de l’arsenic de l’eau de boisson, indique l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Tout doit donc être fait pour maintenir les concentrations au niveau le plus faible possible et en dessous de la valeur recommandée lorsque les ressources le permettent”.
Lors de leurs travaux, les scientifiques ont étudié les données de santé de 28.896 personnes âgées de plus de 20 ans atteintes d’un cancer du rein au Texas, aux États-Unis. En parallèle, ils se sont également penchés sur les analyses de l’eau du Département des services de santé de l’État du Texas et du Texas Water Development Board. Ensuite, ils ont utilisé un modèle statistique pour calculer l’exposition à l’arsenic et sa conséquence, tout en enlevant les autres facteurs de risque (tabagisme, diabète, obésité, etc.).
Cancer du rein : 22 % de risque en plus tout en étant sous le seuil réglementaire
Résultat : une exposition à une concentration comprise entre 1 et 5 µg/l augmentait le risque de cancer du rein de 6 %. Une exposition supérieure à 5 µg augmentait le risque de 22 %. Enfin, les scientifiques ont aussi observé que le risque de cancer du rein augmentait de 4 % en plus à chaque fois que les niveaux d'arsenic dans l'eau doublaient.
"Même une faible exposition à l'arsenic dans l'eau potable peut être associée à une augmentation du risque de cancer du rein, ce qui concorde avec de précédentes recherches indiquant une association entre cette exposition et les cancers du poumon, de la vessie et de la peau", indique Taehyun Roh, l’un des auteurs, dans un communiqué. "Nos résultats indiquent que la réduction de l'exposition à l'arsenic pourrait réduire l'incidence du cancer du rein”, indique Nishat Tasnim Hasan, l’un des auteurs, qui appelle à une meilleure surveillance des niveaux d’arsenic dans les eaux potables.
Pour rappel, en France, le nombre de nouveaux cancers du rein en 2018 était estimé à 5.323, dont 67 % chez les hommes, selon l’Institut national du cancer. Parmi les principaux facteurs de risque, il y a le tabagisme, le surpoids et l'obésité ainsi qu’un traitement par dialyse depuis plus de trois ans.