- Après avoir suivi un régime riche en fibres pendant 12 semaines, deux adultes, dont le trouble sanguin précancéreux évoluait vers le myélome multiple, ont vu que la progression de leur maladie a été retardée.
- Les changements alimentaires ont aussi entraîné des améliorations significatives de la qualité de vie, de la résistance à l'insuline, de la santé du microbiome intestinal et de l'inflammation.
- En moyenne, les participants ont perdu 8 % de leur poids corporel après trois mois.
Également appelé cancer de la moelle osseuse, le myélome multiple se caractérise par la prolifération excessive dans la moelle osseuse d’un type de globule blanc, nommé plasmocyte, devenu anormal. "Une alimentation de mauvaise qualité, un indice de masse corporelle (IMC) élevé, une résistance à l'insuline, un microbiote intestinal déséquilibré, une inflammation ainsi qu'un dysfonctionnement immunitaire ont tous été impliqués dans la progression vers le myélome multiple", ont indiqué des chercheurs du Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSK) à New York.
Fruits, noix, légumineuses… 20 patients ont suivi un régime riche en fibres durant trois mois
Dans le cadre d’une étude, présentée lors du congrès annuel 2024 de l'American Society of Hematology (ASH) à San Diego, ces derniers ont voulu déterminer si une intervention diététique pouvait avoir un impact sur ces facteurs de risque modifiables et retarder la progression du cancer. Pour cela, ils ont recruté 20 personnes présentant un trouble sanguin précancéreux et un indice de masse corporelle (IMC) élevé et risquant de développer un myélome multiple.
Durant 12 semaines, les participants ont dû suivre un régime à base d’aliments d’origine végétale et riches en fibres. Plus précisément, ils ont été encouragés à manger autant qu'ils le souhaitaient des fruits, des légumes, des noix, des céréales complètes et des légumineuses. Pendant 24 semaines, les volontaires ont été suivis par un spécialiste. L’équipe s’est concentrée sur la réduction de l’IMC, la qualité de vie, les marqueurs métaboliques (insuline, adiponectine, leptine, cholestérol LDL), le microbiote intestinal, le profilage immunitaire dans le sang périphérique et la moelle osseuse.
Myélome multiple : la progression vers la maladie retardée grâce à l’intervention diététique
L’adoption d’une alimentation riche en fibres a amélioré la qualité de vie des patients et traité les facteurs de risque modifiables : profil métabolique (une perte de 8 % de leur poids corporel, de la résistance à l'insuline, du ratio adiponectine leptine), profil du microbiote (augmentation de la diversité alpha et des producteurs de butyrate) et sous-ensembles immunitaires (diminution de l'inflammation et augmentation des monocytes classiques anti-inflammatoires). Deux adultes dont la maladie progressait avant l’intervention ont montré une amélioration significative de la trajectoire de progression de leur maladie. Un an après l'inscription, aucun des participants n'avait évolué vers un myélome multiple.
Ces résultats ont été confirmés par une expérience menée sur des souris, dont le génome a été modifié pour développer un myélome multiple, qui ont été nourries avec des produits riches en fibres. "40 % des animaux n'ont pas progressé vers le myélome multiple au cours de la période d'étude, alors que tous les rongeurs du groupe de contrôle ont évolué vers la pathologie", peut-on lire dans les travaux. Selon les auteurs, ce régime alimentaire modulait la composition du microbiote intestinal en favorisant l'expansion des bactéries productrices de butyrate. "Les acides gras à chaîne courte ont augmenté dans les matières fécales des souris ayant suivi un régime riche en fibres."
À la suite de ces données positives et encourageantes, Urvi Shah, qui a dirigé l’étude, recrute actuellement des personnes pour une étude multicentrique de plus grande envergure, appelée "NUTRIVENTION-3", à laquelle participeront 150 personnes.