L'insuffisance ovarienne prématurée (IOP) touche environ 4 % des femmes dans le monde. Ce trouble se définit par l'arrêt du fonctionnement normal des ovaires avant 40 ans. En plus de l’infertilité, il entraîne plusieurs complications comme une détresse psychologique, des risques d'ostéoporose ou de maladies cardiovasculaires.
Une bonne prise en charge de l’IOP est ainsi essentielle pour la santé des patientes. Pour le permettre, plusieurs organisations gynécologiques ainsi que des femmes ayant reçu ce diagnostic se sont réunies pour mettre à jour les lignes directrices émises par l’European Society of Human Reproduction and Embryology (ESHRE) en 2015.
Insuffisance ovarienne prématurée : un diagnostic plus rapide
Les lignes directrices 2024 de l'insuffisance ovarienne prématurée – développées par l’ESHRE ainsi que l’International Menopause Society, l’American Society for Reproductive Medicine et le Center for Research Excellence in Women's Health in Reproductive Life – comptent 145 recommandations. Elles concernent les symptômes, le diagnostic, les causes, les complications et le traitement de la maladie. “De nouvelles informations sont fournies sur les causes génétiques de l’IOP, l’impact du trouble sur la santé musculaire, l’utilisation de l’hormone anti-müllérienne, les thérapies non-hormonales, les interventions sur le mode de vie et les thérapies complémentaires”, précise le communiqué de Monash University.
L’un des principaux changements présentés dans la revue Climacteric concerne le diagnostic de ce trouble, aussi surnommé ménopause précoce. Il faut toujours une aménorrhée d’au moins quatre mois avant l’âge de 40 ans. En revanche, il suffit désormais d'un taux élevé de gonadotrophines (FSH supérieure à 40 UI/l) sur un seul prélèvement, au lieu de deux, pour établir le trouble de la fertilité. "Le dosage de la FSH ne doit être répété que si le diagnostic reste incertain", précise le communiqué.
Des patientes souffrant d’insuffisance ovarienne ont aussi fourni leurs recommandations autour de l’annonce de ce diagnostic difficile à entendre.
"La nouvelle ligne directrice permet un diagnostic plus rapide de l'IOP, transmis de manière sensible et impliquant une prise de décision partagée entre le professionnel de la santé et la femme souffrant d'IOP", estime la Pr Amanda Vincent, coprésidente du groupe d'élaboration des lignes directrices. La spécialiste ajoute que l’évaluation clinique ne doit pas se limiter aux symptômes. "Elle doit également inclure des questions sur le bien-être sexuel de la patiente, ses besoins en matière de fertilité, sa santé psychologique, ses risques cardiovasculaires et d’ostéoporose et ses comorbidités."
Ménopause précoce : une hormonothérapie personnalisée pour prévenir les complications
Concernant la prise en charge thérapeutique de l’insuffisance ovarienne prématurée, les nouvelles directives soulignent l’importance de proposer une hormonothérapie personnalisée, sauf contre-indication. La mise en place doit se faire "le plus rapidement possible" et se poursuivre jusqu’à l’âge habituel de la ménopause, soit entre 48 ans et 51 ans. Cela permet de réduire les symptômes et de prévenir les complications (ostéoporose, maladies cardiaques), assure le comité.
Pour le professeur Vincent, les nouvelles directives 2024 fournissent aux professionnels de la santé "des conseils clairs sur les meilleures pratiques en matière de soins aux personnes atteintes d’IOP, sur la base des meilleures preuves actuellement disponibles".
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