La mastocytose systémique touche moins de 5 personnes sur 10.000 en Europe. Le chiffre provient de la Haute autorité de santé : elle qualifie la maladie de grave, rare et invalidante, et les traitements existants sont "limités". Lors de la dernière réunion de l'American Society for Hematology (ASH), une équipe de recherche a présenté les résultats d’une étude qui pourrait transformer la prise en charge de la maladie. Ses auteurs ont découvert un nouvel outil de diagnostic et une piste thérapeutique.
Qu’est-ce que la mastocytose systémique ?
"La mastocytose systémique (MS) est caractérisée par une accumulation anormale de mastocytes, un type de cellule immunitaire présente dans tout le corps qui contribue aux réponses allergiques et inflammatoires, précisent-ils. Chez la plupart des adultes atteints de SM, la maladie est provoquée par une mutation spécifique du gène KIT (appelé D816V), un récepteur tyrosine kinase, qui le laisse dans un état actif en permanence." Les traitements actuels ciblent ce récepteur, mais ils entraînent des effets secondaires importants.
Un traitement efficace et bien toléré pour soigner les patients atteints de mastocytose systémique
Dans leur essai, les chercheurs du Dana-Farber Cancer Institute ont testé l’efficacité d’un nouveau médicament, appelé bezuclastinib. "Ce médicament oral est un inhibiteur puissant et hautement sélectif qui cible KIT D816V tout en épargnant d’autres kinases étroitement liées", expliquent-ils. Au total, 32 patients ont été recrutés afin de tester quatre dosages différents. En moyenne, le traitement a duré un peu plus d’un an. "Chez tous les patients, quelle que soit la dose administrée, des réponses significatives ont été observées, constatent les auteurs. Plus de 90 % des patients ont obtenu une réduction d'au moins 50 % de la charge mastocytaire, mesurée par des tests de laboratoire et de moelle osseuse." Les scientifiques américains ont également remarqué la grande tolérance des patients au traitement : "Nous n'avons pas observé la toxicité et la faible tolérance souvent signalées avec d'autres inhibiteurs de KIT, et c'est vraiment passionnant", souligne Daniel J. DeAngelo, qui a présenté les résultats lors du Congrès de l’ASH. Chez certains patients, les scientifiques ont observé une rémission complète de cette maladie des cellules de la moelle osseuse.
Un nouvel outil de diagnostic pour différencier deux formes de mastocytose
Dans une deuxième étude, les Dr Virginia Volpe, Shai Shimony et Daniel J. DeAngelo et leurs collègues ont cherché à concevoir un outil mathématique simple pour aider à distinguer les patients atteints de la forme avancée et potentiellement mortelle de la mastocytose systémique et ceux qui ont la forme moins agressive, dite indolente de la maladie. "Le diagnostic et la classification des patients atteints de mastocytose systémique sont plutôt compliqués, et les patients sont souvent diagnostiqués à tort comme ayant une mastocytose systémique indolente alors qu'ils ont en fait une mastocytose systémique avancée, ou vice versa, ce qui signifie qu'ils ne reçoivent pas le traitement approprié", explique le Dr DeAngelo. Grâce à différentes cohortes de données médicales, l’équipe est parvenue à mettre au point cet outil mathématique. Il est capable de distinguer les deux formes de la pathologie dans 90 % des cas. "Ce calculateur simple que nous avons développé devrait aider les professionnels de santé à différencier ces deux entités pathologiques distinctes et donc à fournir un diagnostic et des recommandations de traitement plus précis", conclut Daniel J. DeAngelo.