ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Bientôt un test urinaire pour dépister le cancer le plus meurtrier au monde ?

Cancer du poumon

Bientôt un test urinaire pour dépister le cancer le plus meurtrier au monde ?

Par Alexandra Wargny Drieghe

Des chercheurs de l’université de Cambridge ont créé un test urinaire qui permet de détecter certains signes précoces du cancer du poumon.

Ivan-balvan/Istock
Le cancer du poumon est le troisième cancer le plus fréquent mais occupe la première position en termes de mortalité, notamment parce qu’il est souvent diagnostiqué tardivement.
Une équipe de scientifiques de l'université de Cambridge a mis au point un test urinaire permettant de le dépister "des mois, voire des années avant qu'il ne commence à provoquer des symptômes", ce qui permettrait de changer la donne.
Jusqu'à présent, l’équipe a montré que le test fonctionne sur des souris. Elle doit maintenant passer aux dernières étapes de la validation préclinique.

Il tue chaque année plus de 33.000 personnes en France. Le cancer du poumon est le troisième cancer le plus fréquent mais occupe la première position en termes de mortalité par cancer dans notre pays… et dans le reste du monde ! Si ce cancer est le plus meurtrier, c’est notamment parce qu’il est souvent diagnostiqué tardivement, à un stade si avancé que les traitements ne répondent plus. Trouver un moyen de le détecter précocement est donc un but ultime pour de nombreux chercheurs, dont cette équipe de scientifiques de l’université de Cambridge, qui a réussi à mettre au point un test urinaire permettant de détecter certains premiers signes du cancer du poumon. Un communiqué de presse publié dans Cancer Research UK -l’organisme ayant financé ces travaux- nous en dit plus.

Un test qui identifie les cellules “zombies”

Nous savons qu’avant l’apparition du cancer, des changements se produisent dans les tissus affectés”, explique la professeure Ljiljana Fruk, l’une des deux scientifiques ayant dirigé les travaux. “L’un de ces changements est l’accumulation de cellules endommagées qui ne sont pas suffisamment endommagées pour être éliminées, mais suffisamment pour libérer des signaux qui reprogramment le tissu et le rendent parfait pour le développement du cancer”, complète-t-elle. Ces cellules sénescentes sont souvent appelées cellules “zombies” car, comme l’explique la chercheuse, elles ne sont pas tout à fait mortes.

Grâce à ces informations, l’équipe a réussi à identifier une protéine spécifique libérée par ces cellules “zombies” dans le tissu pulmonaire. “Nous avons conçu une sonde qui se coupe en deux morceaux en sa présence”, indique la Pr Fruk.

Diagnostic du cancer du poumon : comment fonctionne ce test urinaire ?

Le test commence par une injection pour introduire la sonde dans l’organisme. Une fois qu’elle est coupée en deux par la protéine cible, la plus petite partie se dirige vers les reins, permettant sa libération par la vessie dans l’urine. Côté laboratoire, les scientifiques ajoutent une solution d’argent dans les échantillons d’urine pour la faire changer de couleur.

En surveillant la couleur de l’urine après l’injection de la sonde, nous pouvons dire si des cellules sont présentes dans les poumons qui indiqueraient les premiers signes de changements pathologiques pouvant conduire au cancer”, précise l’experte.

Cette nouvelle approche permettrait d'identifier les cancers du poumon des mois, voire des années avant qu'ils ne commencent à provoquer des symptômes”, indique le communiqué. Dans certains cas, cela permettrait notamment au patient d’être traité sans avoir recours à la chirurgie. Autre aspect non négligeable : le coût bien plus faible de ce test comparé aux scanners.

Jusqu'à présent, l’équipe a montré que le test fonctionne sur des souris. Elle doit maintenant passer aux dernières étapes de la validation préclinique et espère ensuite étendre cette technologie à d’autres types de cancers, notamment le cancer du pancréas, le cancer du sein et le mélanome.