- Selon une nouvelle étude, les femmes qui n'ont plus leurs ovaires avant la cinquantaine et qui sont porteuses de la mutation APOE4, ont un risque accru de développer la maladie d'Alzheimer.
- Les chercheurs ont identifié 3 facteurs qui peuvent réduire leurs risques de développer la maladie d'Alzheimer chez ces femmes.
- D'ici 2050, la maladie d'Alzheimer devrait toucher 12,7 millions de personnes âgées de 65 ans et plus.
Depuis plusieurs années, les scientifiques ont remarqué que les femmes ayant eu une ablation des ovaires, intervention appelée ovariectomie, présentent un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer en vieillissant. Des chercheurs de l'Université de Toronto et de l'Université de l'Alberta ont mené de nouvelles recherches pour mieux comprendre ce phénomène.
Ils ont découvert que ce sont les femmes ayant subi cette opération avant 50 ans et porteuses d’une mutation du gène de l'apolipoprotéine (l'allèle APOE4) qui ont un risque élevé de développer le trouble neurodégénératif.
Maladie d’Alzheimer : l'ovariectomie et la mutation APOE4 accroissent les risques
Pour cette étude publiée dans la revue Journal of Alzheimer’s Disease, l’équipe a suivi 34.603 femmes. Elle a analysé l’ensemble de leurs dossiers médicaux. Les données montrent que les participantes ayant subi une ablation chirurgicale des deux ovaires à environ 43 ans, avaient quatre fois plus de risques de développer la maladie d'Alzheimer par rapport à celles qui avaient été ménopausées naturellement (à un âge moyen de 54 ans).
L’équipe pense avoir trouvé l’origine de ce risque accru de déclin cognitif. "L'une de nos découvertes les plus importantes était le fait que la perte de l'hormone naturelle (endogène), l'estradiol, à la suite de l'ablation chirurgicale des deux ovaires, pourrait interagir avec l'allèle APOE4 pour augmenter davantage le risque de maladie d'Alzheimer, plaçant les femmes ayant subi une ovariectomie bilatérale précoce et porteuses d’APOE4 dans un état de double danger", explique la Dr Gillian Einstein, précisant que l'APOE4 est un facteur de risque connu pour la maladie d'Alzheimer dans la population générale, mais présente un risque plus élevé pour les femmes.
Maladie d’Alzheimer et ovariectomie : 3 facteurs de résilience identifiés
En plus de faire la lumière sur les facteurs de risque de maladie d’Alzheimer pour les femmes ayant subi une ablation des ovaires, l’étude a permis d’identifier leurs facteurs de résilience. Les chercheurs ont découvert qu’un niveau d'éducation élevé était lié à une probabilité réduite de 9 % de développer la maladie d'Alzheimer chez les femmes ménopausées naturellement et via l'ablation des ovaires.
"Étonnamment, il y avait aussi une relation modeste entre l'indice de masse corporelle (IMC) et le risque de maladie d'Alzheimer, mais seulement pour les femmes ayant subi une ovariectomie bilatérale précoce. Chaque unité supplémentaire d'IMC était associée à un risque inférieur de 7 % de développer la maladie d'Alzheimer", écrivent les auteurs dans leur communiqué. "Une IMC plus élevée pourrait être associée à une diminution du risque de maladie d'Alzheimer chez les femmes ayant subi une chirurgie d'ablation de l'ovaire parce que le tissu adipeux produit de l'estrone (l'un des trois œstrogènes endogènes) qui, en l'absence d'estradiol dû à l'ovariectomie, peut aider à maintenir la fonction cognitive au début de l'âge moyen", précise le premier auteur, la Dr Noelia Calvo.
Suivre une hormonothérapie réduit par ailleurs les risques de développer la maladie d'Alzheimer de moitié pour les femmes n’ayant plus leurs ovaires. En revanche, ce recul des risques n’était pas observé chez les femmes ménopausées naturellement prenant un traitement hormonal substitutif.